Si vous deviez noter votre niveau de stress au travail sur une échelle de 0 à 10, à combien le situeriez-vous ? Voilà une question qui donne lieu à des discussions intenses lors de mes formations en gestion du stress ! Mais aujourd’hui, je ne suis pas là pour vous former sur le sujet, aujourd’hui, je voudrais vous proposer d’aborder le sujet à travers des questions clefs que peu de gens se posent et qui sont pourtant cruciales pour résoudre le problème du stress au travail à l’échelle individuelle.

En effet, bien que nous parlions énormément du sujet du stress au travail dans notre société depuis quelques années, il est très souvent abordé sous l’angle des symptômes, des risques et des déclencheurs externes. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, cela correspond aux différentes définitions du stress. Et d’ailleurs, j’espère que si votre niveau de stress quotidien dépasse les 5/10, vous en avez parlé à votre médecin et à votre manager pour mettre en place des solutions. Mais ce n’est généralement pas suffisant…

Il est important de comprendre que le stress est un phénomène d’adaptation du corps, rendu nécessaire par l’environnement et surtout par la perception que l’on en a. Ainsi, le stress naît de la rencontre entre un contexte et un fonctionnement individuel. Pour vous en convaincre, il suffit de constater que vous n’êtes pas stressé H24 et que, dans tout contexte stressant pour vous, tous les individus impliqués ne ressentent pas autant de stress que vous. En contexte professionnel, par exemple, le stress touche prioritairement les personnes les plus respectueuses de l’autorité hiérarchique, celles pour qui la conscience professionnelle est une valeur forte et qui compensent des défaillances du système, au-delà des limites tolérables.

Quand on a compris ça, on comprend l’importance d’individualiser la démarche pour lutter contre le stress au travail. Et c’est avec cette idée en tête que je vous propose de réfléchir avec vous sur votre stress pour vous aider à construire des solutions sur-mesure.

Moins de stress au travail, ça veut dire quoi ?

Une première question que l’on ne se pose jamais et qui est pourtant très puissante est la suivante : Qu’est-ce qui sera différent quand vous serez moins stressé ?

Tout le monde sait que notre cerveau a besoin de se représenter un état final attrayant pour se mettre en action vers des solutions, mais personne n’y pense pour le sujet du stress. Pourtant, je suis sure qu’il y a là de vrais leviers de changement. Alors, faites-vous du bien quelques instants et représentez-vous ce qui se passera quand vous aurez 2 ou 3 points de stress en moins dans votre travail : en quoi est-ce que ce sera mieux ? pour vous ? pour les autres ? est-ce vraiment important pour vous de vivre ainsi votre vie professionnelle ?

Quelqu’un m’a répondu récemment « je ne perdrai plus mes cheveux ! », c’est un début. Cherchez les détails, affinez votre représentation de ce à quoi ressemblera votre vie à ce moment-là. Et souvenez-vous que la motivation à changer se place dans les petites choses du quotidien. Ainsi, vous pouvez faire ce petit exercice mental : imaginez que vous déroulez ce que vous avez prévu de faire aujourd’hui, vous terminez votre journée, vous rentrez chez vous, vous faites ce que vous avez à faire jusqu’au moment de vous coucher, vous vous endormez enfin et, pendant que vous dormez, sans que vous le sachiez, un miracle se produit. Ce miracle fait que vous vous levez demain matin beaucoup moins stressé à l’idée d’aller au travail. Quand vous vous réveillez demain matin, quelle est la toute première petite chose que vous remarquez ?

Une personne m’a dit une fois : « ce que je remarquerai c’est que je ne sentirai pas mon cœur battre si fort dans ma poitrine. » Je lui ai demandé : « et alors, qu’est-ce que ça changera pour vous ensuite ? ». Elle m’a dit : « je respirerai plus profondément et quand mes filles viendront me faire un câlin, je le ressentirai vraiment ! ». … Quand on observe une personne stressée, on ne se rend pas compte à quel point ça peut être une souffrance du quotidien pour elle, au travail et en dehors. Mais lui dire qu’elle doit s’apaiser ne changera rien, elle doit d’abord s’approprier le coût du stress et surtout les bénéfices de la sérénité.

Si vous cherchez à atténuer votre stress, je suis sûre que vous connaissez déjà toutes les astuces pour ça. Le problème n’est pas là, il se situe généralement entre ce résultat visé et ce que vous vivez aujourd’hui, dans la façon de gérer vos pensées et vos émotions pour prendre des décisions. Faisons un tour d’horizon.

Quels obstacles pour diminuer mon niveau de stress au travail ?

La seconde question clef que je vous propose est celle-ci : Qu’est-ce qui vous empêche de vivre ce que vous venez de décrire, cette vie avec moins de stress ? Ce n’est pas une question rhétorique ou provocatrice, posez-vous vraiment la question et creusez. Je vais vous donner quelques exemples et si c’est trop dur, le coaching vous sera certainement bénéfique, contactez-moi pour en discuter.

Je vais vous donner 3 exemples d’obstacles récurrents pour faire face au stress :

1) « Je ressasse tout ce que j’ai à faire, je me dis que je n’y arriverai pas et que je suis trop nul. »

J’aurais pu prendre n’importe quelle pensée pourrie qui se balade dans notre tête et qui génère du stress. L’idée c’est qu’une partie du combat contre le stress se joue dans votre tête. Or, notre plus grand pouvoir est celui que nous avons sur nos pensées. Nous pouvons nous amuser avec et les modifier pour les orienter vers ce qui nous aide. Comment ? Voici quelques pistes :

a) Dégagez les pensées pourries et inutiles <> « je suis trop nul »

A l’intérieur de notre territoire personnel se baladent de vieilles choses qui sont là depuis longtemps, toutes crottées, et qui n’ont pas grand-chose à y faire si ce n’est prendre de l’espace et empuantir la zone. Je pense à des souvenirs douloureux, des choses que l’on nous a dites (critiques, jugements), des conclusions que l’on a posées sur soi, des loyautés qui nous attachent, des remarques d’amis, de proches, … Ces déchets que l’on garde à l’intérieur créent une incohérence par rapport à l’image que l’on aimerait avoir de soi, ils grèvent l’estime de soi et donnent une caisse de résonnance au stress quotidien. Face à ces intrus, une seule solution : le grand nettoyage ! Jetez-moi toutes ces pensées pourries, dégagez-les à grand coup de pieds, ça suffit !! Elles ne servent à RIEN. DEHORS !

b) Ecoutez le sens de vos pensées : « je pense à tout ce que j’ai à faire »

Quel est l’objectif derrière vos pensées ? Ici, à quoi ça vous sert de penser à l’avance à ce que vous avez à faire ? Souvent, c’est parce qu’on veut être sûr de ne rien oublier et de se préparer mentalement.

Quand vous avez découvert l’objectif, demandez-vous s’il n’y a pas un autre moyen de l’atteindre. Par exemple, je peux noter ce que j’ai à faire (même au beau milieu de la nuit !), je peux me lever 10minutes plus tôt pour me consacrer à la visualisation de ma journée avant de passer au reste, … Soyez créatif mais surtout, écoutez les objectifs derrière vos pensées.

c) Apprenez à penser utile <> « je n’y arriverais pas »

Vous avez le choix de penser autrement : quelle pensée vous aiderait à la place de celle que vous avez ? Pour le stress, les pensées qui aident peuvent être du type :

  • Penser par le sens de ce que je suis en train de faire: je suis en train de faire un câlin à ma fille et c’est particulièrement important parce que je veux qu’elle ressente l’amour que j’ai pour elle.
  • Penser par séquences en se focalisant sur ce que je fais et les 2 choses à faire juste après : j’arrive faire ça, et j’arriverai à faire ça et ça.
  • Penser aux exceptions : j’ai déjà eu autant de choses à faire il y a 15 jours et j’ai géré.

Jouer avec son discours intérieur est un mécanisme anti-stress ultra puissant, ne vous en privez pas ! C’est d’ailleurs un très bon levier d’épanouissement de manière générale.

2) « J’ai peur de passer pour quelqu'un de non professionnel. »

Les émotions, et surtout la peur, constituent un terreau favorable au stress, en particulier au travail où nous nous interdisons de tenir compte de nos ressentis. Pourtant, les émotions sont des messagers, et décoder ses émotions est une bonne façon de comprendre comment agir face à son stress. Donc, écoutez-les : que vous dit votre émotion ? Que veut-elle pour vous ?

La peur cherche à vous protéger. De quoi a-t-elle besoin de vous protéger dans le cadre de votre travail ? Par exemple, « si je suis moins stressé alors que j’arrive en retard, je vais passer pour le gars décontracté qui s’en fiche, je vais passer pour quelqu’un de non professionnel, du coup je ne décrocherai pas ce poste, et … » Déroulez le scénario jusqu’au bout pour bien saisir la teneur de votre peur. Il n’y a qu’à partir de là que vous pourrez trouver les actions justes pour solutionner le stress.

L’étape d’après est de réfléchir à la logique de l’enchaînement des faits, puis de chercher ce que vous allez faire, à part stresser, pour vous protéger des conséquences que vous envisagez. Qu’allez-vous faire pour paraître professionnel si vous arrivez en retard à un entretien d’embauche par exemple ?

3) « Je n’ose pas dire les choses à telle personne, je n’ose pas dire non,… »

Le stress au travail se réveille très souvent dans l’interaction (ou l’idée d’une interaction). Ainsi, je suis stressé d’aller en entretien avec mon n+1, stressé de demander à ma collègue d’arrêter de parler, stressé d’animer telle réunion, stressé de refuser de remplacer mon homologue, … Et si on analyse se stress là, il révèle souvent la peur d’être jugé sur ce que cela dit de moi.

Alors, pour commencer, un petit point s’impose sur ce « Moi ». Avant de chercher à savoir ce que les autres en pensent, il peut être intéressant de vous demander ce que vous vous en pensez, non ? De cette manière, vous allez pouvoir vous créer une sentinelle, un garde du Moi personnel, qui saura vous défendre en temps voulu en respectant vos consignes.

Rédigez donc vos instructions pour le contexte de l’entreprise: Qu’est-ce qui n’est pas acceptable de la part des autres sur votre territoire ? Songez aux comportements observables. Qu’est-ce qui n’est pas acceptable de vous-même ? Ce que vous vous interdisez de faire ? Que voulez-vous voir à la place ? Listez les caractéristiques d’un environnement de travail agréable pour vous, comportements que vous voulez adopter, les capacités que vous voulez mobiliser, les qualités dont vous voulez faire preuve, les valeurs qui sont importantes pour vous. Maintenant que vous avez conscience de ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas vivre au sein de votre territoire, vous allez apprendre à votre sentinelle à faire respecter les règles, d’abord les plus faciles puis les plus difficiles. Et cela passe parfois par l’acquisition d’outils pour apprendre à dire.

Quelles ressources pour atténuer le stress au travail ?

Troisième question clef : qu’est-ce qui vous aide à faire baisser le stress dans votre travail ? Réfléchissez à toutes les situations où votre niveau de stress est acceptable dans votre travail, qu’est-ce qui est différent dans ces moments ? Plus vous observerez finement ce qui vous aide à atténuer le stress, plus vous aurez de cordes à votre arc pour le gérer. Pour vous aider dans cette observation, je peux vous donner quelques exemples de réponses qui m’ont été données par des participants à mes formations en gestion du stress.

" Ce qui m’a aidé pour gérer mon stress, c’est de:

  • Découper le problème en morceaux quand les défis me paraissaient insurmontables,
  • Avoir organisé mon temps en bloc temps, savoir que j’allais pouvoir passer x heures à faire ça puis m’occuper du reste,… pour répondre à ma peur de manquer de temps,
  • Respirer sur le mode 3333 pour reprendre le contrôle de mon corps quand le stress était devenu trop intense : j’inspire de l’oxygène, de la vie en pensant 3333, je bloque en disant 3333 dans ma tête, j’expire le stress en pensant 3333 et je bloque à nouveau.
  • Discuter avec d’autres personnes pour me sentir soutenue et prendre du recul : famille, amis, médecin, groupes de paroles, associations d’écoute, …
  • Me ressourcer en faisant des activités plaisantes, me charger de bonne énergie plusieurs fois par semaine et par jour.
  • Fêter mes victoires dans la vie, me donner des signes de reconnaissance à moi-même de façon régulière, et en donner aux autres + fréquenter des gens qui en donnent !
  • Me préparer à faire face à des situations stressantes et restructurer mon expérience avec un coach
  • Comprendre où se situe l’incohérence qui génère mon stress : Ecart entre ce que je fais et ce que je veux ; écart entre ce que je fais et ce que je peux faire ; écart entre ce que je fais de mon temps et ce que j’avais prévu d’en faire ; écart entre ce que je montre de moi et ce que je ressens intérieurement."

Que faire face au stress professionnel ?

Ma quatrième et dernière question cruciale est la suivante : Qu’est-ce qui ne dépend que de vous ?

Comme je l’ai dit au début de cet article, le stress au travail se manifeste à l’intersection entre une personne et son contexte professionnel. Ce qui signifie que pour que votre stress au travail diminue, il faut soit que vous appreniez à le gérer dans ce contexte, soit que vous changiez de contexte, soit que le contexte change.

Si on en revient à notre question, vous ne pouvez pas changer votre contexte professionnel, ça ne dépend pas que de vous. En revanche, ce qui dépend de vous, c’est d’en parler aux délégués du personnel, à votre chef et à vos RHs avec des faits concrets pour leur soumettre le fait que vous voulez bien faire une part du chemin mais que vous n’êtes pas seul à devoir faire des efforts. C’est ensuite à eux d’entrer dans une démarche de gestion des RPS de façon précise et efficace.

S’ils ne le font pas, il vous revient alors d’agir pour votre bien en prenant les décisions qui correspondent à ce que vous voulez vivre. Je n’ai pas l’espace de détailler ici les mécanismes du stress, mais je veux que vous reteniez que c’est un signal qui parle d‘incohérences, et en ce sens, je vous encourage à l’écouter.

Ceci étant posé, évitons d’en rajouter. Il ne s’agit pas pour moi de créer une incohérence supplémentaire entre votre réaction et celle que vous imaginez devoir avoir. C’est ok de stresser et c’est ok de prendre la décision de vivre une vie stressante. Il n’y a pas à culpabiliser de ça…à condition de ne pas s’en plaindre trop souvent. ;°)>

Alors pour terminer, voilà ce que je vous recommande, dans les jours qui viennent, lorsque vous ressentirez du stress, laissez cet état advenir. Stoppez les commentaires sur votre stress. Reconnaissez simplement que vous êtes stressé, que c’est désagréable et laissez ces sensations vous traverser pendant un temps avant de s’évanouir dans le passé.

La vie est un flux incessant d’instants présents jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Chaque instant ne ressemble ni à celui d’avant, ni à celui d’après. Vous n’êtes pas votre stress, c’est quelque chose qui se manifeste, qui grandit puis s’en va. Il n’y a pas besoin de s’y accrocher…et peut-être même pas besoin d’en faire tout un article !!!

Au plaisir de déstresser ensemble,

Annabelle pour Cap Cohérence