Se sentir utile, faire quelque chose qui a du sens, contribuer au monde, laisser une trace, avoir un impact,… Voilà les préoccupations d’une partie grandissante de la population. Seulement, le décalage entre ces aspirations individuelles et celles de nos entreprises traditionnelles semble tellement énorme qu’il paraît presque impossible d’y répondre sans se trouver confronter à un choix cornélien : perdre son confort matériel pour s’engager à 200% dans une vie pleine de sens ou conserver ses acquis quitte à renier une partie de ses valeurs.

Heureusement, les choses ne sont pas aussi binaires et il existe d’autres solutions pour se sentir utile dans son travail sans avoir nécessairement besoin d’en changer. Je vous propose de voir ensemble comment faire à travers des exemples très concrets.

Se sentir utile, qu’est-ce que ça veut dire ?!

Quand mes clients de coaching me parlent de leur besoin de se sentir utile, j’aime explorer avec eux le sens que cette expression a pour eux. Et je vous encourage à faire de même. Une des questions que vous pouvez vous poser pour cela est la suivante : qu’est-ce qui vous permettrait de mesurer que vous avez été utile aujourd’hui ?

être utile

Souvent les réponses ressemblent à « j’aurai rendu service à quelqu’un » ou « j’aurai réalisé quelque chose qui participe au bien de la planète » ou « j’aurai permis à quelqu’un de se sentir mieux » ou « j’aurai construit un objet qui sert à quelque chose » ou « j’aurai fait une action concrète qui apporte une valeur ajoutée »…

Bref, généralement, le sentiment d’être utile prend sa source dans le fait d’agir pour quelqu’un ou pour quelque chose dans la ligne de ce qui est important pour soi, généralement de ses valeurs. Mais pour s’autoriser à dire « je me suis rendu utile aujourd’hui », la personne a besoin de pouvoir mesurer cette utilité. Autrement dit, elle a besoin d’un feedback sur son action, soit par un signe de reconnaissance de la personne destinataire de son geste, soit par l’observation d’un résultat concret et donc perceptible.

Vous commencez déjà sûrement à percevoir qu’il n’y a pas nécessairement besoin de changer de travail pour vous sentir utile. Et en explorant ce qui se cache derrière ce souhait, vous avez probablement déjà ouvert plusieurs pistes. Lesquelles ? N’hésitez pas à partager vos idées en commentaires !

Que faire pour se sentir utile ? Des idées à explorer

Après plusieurs années à accompagner les uns et les autres dans cette quête d’utilité, j’ai pu glaner plusieurs idées que j’avais envie de partager avec vous aujourd’hui. En effet, en posant une équation du type : « comment me sentir utile au quotidien malgré un travail qui n’a aucun sens mais qui répond à de nombreux autres besoins ? », mes clients ont été amenés à imaginer des solutions diverses pour résoudre ce problème a priori insoluble !

solutions utiles

Voici quelques-unes de ces idées que certains ont expérimentées avec plus ou moins de satisfaction sur le résultat mais toujours un grand soulagement à l’idée d’agir enfin dans le but de se sentir plus utile au travail :

1) Se sentir utile en s’engageant dans des projets qui font sens

Les entreprises ont souvent des besoins transversaux auxquels elles ne peuvent pas forcément répondre de façon officielle. Ces failles de l’organisation peuvent devenir des opportunités pour vous. Par exemple, une cliente s’est investie avec quelques collègues dans un projet de changement des pratiques HSE dans son entreprise sur le volet environnemental. A côté de son travail très administratif, imaginer des solutions pour consommer moins de plastiques et mieux trier les déchets au sein de son département lui a donné le sentiment de faire quelque chose d’utile dans ses journées. Après quelques années, elle y a même trouvé des opportunités de rebonds vers d’autres postes.

Une autre cliente, elle, a proposé à son chef de former ses collègues à l’utilisation d’Excel pour leur faciliter la vie au quotidien. En plus de se sentir utile à ses collègues amies, elle a créé une vraie valeur ajoutée pour le service.

S’appuyer sur vos talents ou vos centres d’intérêt pour proposer de mener des actions utiles à votre entreprise est ainsi un bon moyen de donner du sens à votre action quotidienne.

Dans la même logique mais avec un niveau d’engagement plus important, vous pourriez aussi être intéressé par l’intrapreneuriat ou le mécénat de compétences.

2) Mesurer l’utilité de son travail en cherchant du feedback

Le problème avec le sentiment d’utilité tel qu’il est souvent défini dans ce contexte, c’est qu’il dépend en grande partie de l’autre et de son feedback. Si je ne me sens utile que lorsque je constate que mon action a un effet sur quelqu’un, cela signifie que je conditionne mon vécu à celui de l’autre. Je n’ai donc pas un plein pouvoir sur mon ressenti. Et cela crée une sacrée frustration.

Or, si je veux vivre ma vie avec un minimum de contrôle sur mes émotions, j’ai plutôt intérêt à les conditionner à mon propre jugement. C’est ainsi que pour se sentir utile dans son travail, une cliente a décidé de travailler sur son système de perception. Après un petit entraînement en séance, elle s’est rendue au travail le lendemain matin en cherchant les signes de son utilité en se posant ce type de questions : « si je n’avais pas été là à cette réunion, qu’est-ce qui aurait été différent ? » « et si je n’avais pas été là aujourd’hui, qu’est-ce que cela aurait changé pour ma collègue de bureau ? » …

faire une différence

Sans changer miraculeusement sa vie, cela l’a aidée à développer le sentiment d’être utile aux autres sans avoir besoin de feedback extérieur, en se basant simplement sur sa propre appréciation. Et peu importe si elle avait raison ou tort, le fait est que cela lui faisait du bien sans faire de mal à personne ! Elle était donc déjà plus utile à elle-même !!

Et si vraiment vous cherchez des preuves tangibles de votre utilité, faites comme ce client développeur informatique qui a eu l’idée d’aller rencontrer les usagers d’un module SAP qu’il avait reconfiguré pour voir si son travail avait été utile. Connaître vos clients internes et externes est une bonne façon de mesurer l’impact de votre travail.

feedback

3) Se rendre utile aux autres en alignant ses actes et ses valeurs

Il y a parfois, avec l’impression de ne pas être utile, une sorte de plainte construite sur l’idée que « on n’a pas besoin de moi ». A ce propos, je pourrais disserter sur l’importance de renforcer l’estime de soi et de développer les Soft Skills essentiels pour s’épanouir dans son travail, mais je préfère me concentrer sur les petites actions que vous pouvez mettre en œuvre dès demain pour vous sentir utile dans votre travail.

Je vais donc vous parler de Julien. Julien pensait que s’il n’était pas là ou ne faisait pas son job, cela ne changerait rien ni pour son entreprise ni pour personne. Il se sentait particulièrement inutile. Evidemment, cette pensée étant particulièrement anxiogène pour lui, il en venait à se refermer sur lui-même et son degré « d’utilité » ne faisait que diminuer avec le temps. Le cercle vicieux était enclenché. Alors, nous avons joué à inverser les rôles et je lui ai demandé ce que pourrait faire quelqu’un qui lui serait utile à lui.

Plusieurs idées sont venues à son esprit : son collègue de bureau pourrait lui apprendre à se servir d’un logiciel qui l’enquiquinait, son fournisseur pourrait lui expliquer leur organigramme interne, son ami au service paye pourrait faire passer son CV pour l’aider à se positionner sur un nouveau poste, … Une fois ces réponses identifiées, je lui ai demandé comment, en se basant sur ces exemples, il pourrait se rendre utile aux autres. Finalement, il s’est décidé à lui-même mettre en place ce type d’action pour les autres. En d’autres termes, se sentir utile, c’est aussi faire pour les autres ce que l’on souhaiterait que les autres fassent pour soi.

utile à l'autre

Quand on semble être le seul à penser utilité

Pour certains clients, le sentiment d’être inutile s’accompagne d’un sentiment de solitude. On se sent seul à vouloir changer les choses, le seul à vouloir réfléchir en terme d’utilité, le seul à faire des efforts… Dans ce cas, il peut être tentant de changer d’entreprise, de secteur ou de métier pour aller vers un environnement de travail plus en ligne avec ce qui compte pour nous et se sentir utile par le sens même de notre travail. C’est une option à envisager en second temps, en effet.

Mais avant cela, certains de mes clients ont été plus créatifs et ont décidé de trouver des groupes de personnes avec qui échanger pour imaginer des façons de se sentir utiles dans leurs jobs respectifs. Ils ont par exemple rejoint des groupes de Corporate Hackers qui pensent le changement de façon douce et constructive. Ainsi, même si le soutien ne vient pas de l’intérieur de l’entreprise, il est là.

Quelle que soit la façon de faire que vous choisirez, vous l’avez compris, le principal reste d’agir pour vous sentir plus utile en tenant compte de votre propre définition de l’utilité au travail et sans tomber dans le piège de l’ego consommable.

agir ensemble

Se sentir utile, un piège de l’ego dans une société de consommation

Je ne peux conclure cet article sans vous adresser une légère mise en garde. En effet, à chaque fois que j’entends quelqu’un me dire « je veux me sentir utile », je ne peux m’empêcher de penser « mais vous n’êtes pas un objet ! ». Vous n’avez pas vocation à être un luminaire, une voiture, ou un téléphone. Vous êtes un être humain. Vous n’avez pas été conçu avec un mode d’emploi indiquant ce à quoi vous deviez servir. S’il y a une histoire d’utilité dans votre vie, si vous pensez devoir occuper une fonction particulière, ce n’est qu’une vision de l’être humain, la vôtre.

Il n’y a pas de problème à voir les choses comme ça du moment que vous en avez conscience. Sans cela, vous risqueriez de tomber dans des jeux relationnels peu épanouissants où, en tant qu’entité utile, vous vous devriez d’être utilisé. Et dans ce cas, attention aux dérapages : être utilisé comme un luminaire pour éclairer l’autre est une chose, l’être comme un paillasson en est une autre... :(

piège utilité

Je vous invite donc à questionner cette vision de l’utilité de l’Homme et à vous donner la liberté de ne pas vous sentir utile pour plutôt vous sentir vivant ! Ce n’est pas forcément plus simple, mais tellement plus joyeux !! D’autant que l’un n’empêche pas l’autre, à condition de bien faire la part des choses entre ce qui dépend de vous et ce qui n’en dépend pas.

Pour résumer, vous sentir utile passe donc par le fait d’agir en direction de ce qui vous touche en vous appuyant sur votre élan naturel d’Etre vivant. Cela demande évidemment une bonne connaissance de vous-même, et c’est pour ça que nous sommes là : pour vous accompagner dans cette démarche en coaching ou en e-learning. ;°)

Au plaisir de lire vos propres idées en commentaires,

Annabelle pour Cap Cohérence