Vous en avez marre de votre travail ! Certains jours vous pensez à tout plaquer pour vous reconvertir dans un métier radicalement différent. Mais le lendemain vous retrouvez la raison : « on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne ». Ce petit manège dure depuis trop longtemps. Vous avez envie de changer, c’est vrai, mais vous aimeriez trouver une solution raisonnable pour soulager ce ras-le-bol. Voyons ensemble comment sortir de ce dilemme…
Pour commencer, je vous invite à faire le bilan de votre situation actuelle : qu’est-ce qui fait que vous avez envie de tout plaquer ? Pour cela, vous trouverez un guide pratique dans mon article « Démotivation et mal-être : dois-je changer de travail ? ». Une fois que vous aurez les idées claires sur vos sources d’insatisfaction, évadez-vous et reconnectez-vous à vos rêves pour identifier les facteurs d’épanouissement qui sont les vôtres. Mon article « Trouver sa voie professionnelle: 4 grandes questions à se poser » pourra vous aider dans votre réflexion.
Cet article est accessible en format audio, ici:
Quand vous aurez défini de quoi vos rêves sont faits, vous pourrez alors envisager de chercher une réponse à votre envie de tout plaquer. C’est la seconde étape pour trouver votre voie : identifier les changements à mener plutôt que de tout quitter sur un coup de tête :
Ceux qui ont lu mes précédents articles auront remarqué mon insistance sur le processus à suivre pour réussir sa reconversion professionnelle. Outre mon attirance naturelle pour les méthodes d’analyse, je crois sincèrement que l’un des principaux risques en matière de reconversion professionnelle consiste à agir sous le coup d’une impulsion, d’une envie subite de tout plaquer, sans se laisser le temps de la réflexion. C’est sûrement mieux que l’immobilisme, mais quitte à s’engager dans un changement autant changer en mieux, non ?
Il serait dommage de tout perdre pour ne rien gagner.
C’est pourquoi je vous propose de continuer la démarche pas à pas.
Tout plaquer, c’est perdre quoi ?
Après avoir identifié ce que vous voulez, je vous invite, de la même manière, à identifier ce que vous avez selon la même grille d’analyse, que ce soit les bons ou les mauvais côtés :
1) Listez les éléments extérieurs qui caractérisent votre situation professionnelle
Ex : personnes, objets, lieux, rythme
Il arrive que l’envie de tout plaquer ne tienne qu’à quelques éléments de l’environnement.
2) Listez les tâches que vous accomplissez au quotidien dans votre travail
Ex : je fais 50 minutes de voiture, je rappelle mes collègues qui ont essayé de me joindre la veille, j’étale la farine sur mon établi, je bois un café ;°)
Blague à part, n’oubliez pas les tâches annexes telles que « discuter avec mon collègue de bureau » ou « déguster un bon sandwich dans un parc le midi », cela pourrait vous manquer si vous décidez de tout plaquer sans y prendre garde.
3) Listez maintenant les capacités que vous mettez en œuvre quand vous réalisez les tâches que vous avez compilées précédemment
Ex : Boire un café avec mes collègues --> capacité à faire parler les gens, capacité à faire rire, faculté à avaler une boisson à 45°C sans sourciller, capacité à gérer son temps,…
Là encore, personne ne viendra regarder ce que vous avez écrit alors faites-vous plaisir et rendez-vous compte à quel point vous êtes génial !!
Notez également ce que vous ressentez quand vous réalisez ces tâches, cela pourra vous servir de boussole pour la suite.
4) En même temps que vous listiez les caractéristiques de votre travail actuel, vous avez sûrement été interrompu par des pensées diverses sur vous, sur les autres ou sur votre travail lui-même, non ?
Je vous conseille d’être particulièrement attentif à ces petites phrases apparemment anodines. Elles résument votre vision du monde et constitueront donc un levier très puissant pour vous épanouir professionnellement sans forcément tout plaquer.
Ex : « Je suis un vrai charlot », « si je pouvais, j’arrêterais de faire autant de trajet pour aller au bureau, mais avec la crise, je n’ai pas le choix ! »,…
Si vous vous apercevez que ce dialogue intérieur est particulièrement présent en vous, il s’agit certainement de la solution à votre problème, gagnez du temps et contactez-moi pour en discuter. :)
5) Demandez-vous maintenant ce qui vous tient particulièrement à cœur dans votre travail : qu’est-ce qui est important pour vous vis-à-vis de votre travail ? Qu’est-ce que ce job vous apporte ?
De même, demandez-vous ce qui vous est insupportable dans votre travail : qu’est-ce qui vous fait réagir violemment ou avec excès ?
Ex : Ce qui me motive dans mon travail, c’est l’idée d’œuvrer pour la santé des autres êtres humains, cela m’apporte de la jouissance, ce qui participe à mon équilibre intérieur, et ça, c’est très important pour moi. // Ce que je ne supporte pas dans mon travail, c’est le manque de reconnaissance, je trouve que c’est le comble de l’irrespect !
Quand l’envie de tout plaquer nous envahit, c’est souvent dû à la violation d’une de nos valeurs fondamentales ou à l’expression d’une de nos antivaleurs dans notre environnement.
Ca y est ? Vous avez tout exploré ? N’hésitez pas à me donner vos impressions sur cet exercice via les commentaires en bas de page.
Plaquer quoi ? Pour gagner quoi ?
Si vous avez suivi la démarche dans son ensemble, vous avez maintenant deux pyramides: l’une décrit ce que vous voulez et représente une partie de ce que vous êtes. L’autre décrit ce que vous vivez dans votre travail actuel. Il s’agit maintenant de les comparer et de constater les écarts. Pour cela, je vous invite à dessiner votre sablier de cohérence professionnelle :
Lorsque aucun écart n’est constaté, on dit que la personne est « alignée » avec son job : elle vit en cohérence avec ce qu’elle est.
Dans ce cas, vous l’aurez deviné, aucune raison de tout plaquer, vous n’êtes donc probablement pas dans ce cas !
A l’inverse, lorsqu’un écart apparaît, on dit que la personne est « désalignée », ce qui est probablement votre cas.
Selon le niveau auquel se situe l’écart, cela peut vous causer des problèmes plus ou moins supportables et plus ou moins faciles à résoudre. Identifier le ou les niveaux où se situent les écarts vous permettra d’effectuer les changements adéquats sans avoir à tout plaquer.
Alors, à quoi ressemble votre sablier ?
Comment changer sans pour autant tout plaquer ?
Du fait de l’imbrication des niveaux les uns dans les autres, un problème apparemment mineur peut causer un mal-être majeur. Or, alerté par ce symptôme (le mal-être), on peut être amené à sur-réagir et à provoquer un changement disproportionné pour résoudre le problème : la fameuse envie de tout plaquer ! Mais ce changement radical peut s’avérer efficace…ou pas !!
Pour éviter ce piège, je vous encourage à effectuer des « changements tests » en commençant par les choses simples (environnement) pour aller, au gré du besoin, vers des modifications plus engageantes (métier). Et qui sait, en cours de route, un changement de votre perception du monde aura peut-être transformé la situation comme par magie...
Prenons des exemples :
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« Changement-test » sur l’environnement : Imaginons que, en effectuant l’exercice « trouver sa voie », vous ayez noté que vous aimiez particulièrement travailler dans des locaux spacieux et lumineux, et qu’en réalisant l’exercice proposé au paragraphe précédent, vous ayez noté que vous travailliez actuellement dans un bureau minuscule et sans fenêtre. Que pourriez-vous faire à votre avis avant de tout plaquer pour vous reconvertir comme vitrier ? Je pense qu’une sage décision serait de commencer par voir avec votre chef s’il ne peut pas vous trouver un bureau plus lumineux.
Et si ce n’est pas possible, cherchez un substitut : profitez de vos allers/retours hors du bureau pour faire un tour dehors, troquez les repas au fin fond de la cantine contre des repas derrière la baie vitrée d’une boulangerie sympathique.
Bref, jouez d’abord sur ce paramètre pour réaligner votre environnement réel et votre environnement rêvé. -
« Changement-test » sur les comportements : De même, si vous rêvez d’animer des conférences et que votre boulot consiste à rester seul devant un ordinateur la plupart du temps, commencez par exemple par demander à votre hiérarchie si vous pouvez intervenir à la prochaine réunion de service pour expliquer ce sur quoi vous travaillez en ce moment. Et s’il refuse, trouvez, là-encore, des substituts : vous pouvez profiter de la pause-café pour haranguer vos collègues sur tel ou tel sujet, ou demander à la maîtresse de votre fille si elle serait d’accord pour que vous alliez présenter votre métier à ses élèves,…
Je suis sûre que vous saurez trouver de quoi enrichir votre quotidien avec des actions qui vous font plaisir. - « Changement-test » sur les capacités : Vous vous êtes aperçu que vous aimeriez acquérir de nouvelles connaissances dans un domaine précis ? Utilisez votre droit à la formation pour combler votre soif de savoir. Vous avez noté que vous étiez particulièrement angoissé lorsque vous deviez prendre la parole en public ? Consultez un coach qui saura vous accompagner pour tenter de transformer cette angoisse en énergie positive.
Vous avez saisi le concept ? Il y a tout un tas de changements « simples » que vous pouvez mettre en œuvre pour améliorer votre quotidien avant de décider de tout plaquer. Et si vous manquez d’idées pour combler les besoins que vous avez identifiés, vous pouvez me contacter pour en discuter..
Et quand bien même ces changements ne seraient pas suffisants, vous y gagnerez toujours quelque chose sans perdre quoique ce soit, vous ne croyez pas que ça vaut la peine d’essayer ? Alors, quels sera votre premier « changement-test » ?
Quand l’envie de tout plaquer cache l’envie de ne pas changer
En général, lorsque le désalignement est faible, les changements-tests suffisent à rétablir un équilibre satisfaisant pour la personne. En revanche, si le désalignement est trop important ou s’il touche les niveaux des croyances et des valeurs, il est fort probable que ces changements ne servent qu’à vous accorder un peu de répit, voire, dans le pire des cas, ne vous épuisent et ne vous dégoûtent un peu plus encore.
Si vous êtes dans ce cas, vous allez devoir redoubler de vigilance pour analyser votre situation car c’est là que l’intérêt d’une reconversion trouve, ou non, sa justification. Autrement dit, c’est maintenant que se joue la réussite ou l’échec d’un tel projet.
Je vois a priori trois grands cas de figure qui peuvent se présenter à ce stade.
- Un désalignement trop important
D’après moi, vous êtes dans le cas d’un désalignement trop important si :
- vous trouvez les éléments de votre environnement de travail tous plus repoussants les uns que les autres
- ou si aucune des tâches que vous avez à réaliser dans le cadre de votre travail ne vous correspond
- ou si vous ne possédez pas les capacités requises pour exercer votre métier
- ou encore si les 3 assertions ci-dessus sont vraies !
Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, je comprends que vous ayez envie de tout plaquer !!! Et je crois en effet qu’a minima un changement de job est nécessaire, et pourquoi pas envisager une reconversion professionnelle si c’est le métier qui est en cause.
- Un conflit de valeurs
Lorsque vous avez analysé les valeurs en jeu dans votre travail, avez-vous été frappé par des valeurs contraires aux vôtres ? Vous arrive-t-il d’être en colère contre votre entreprise ? Contre votre profession ? Si les valeurs portées par votre entreprise ou votre profession sont antinomiques avec les vôtres, il y a de fortes chances pour que vous vous sentiez particulièrement mal et qu’aucun « changement-test » ne vous aide à aller mieux. Dans cette situation, deux solutions s’offrent à vous à mon avis : changer d’entreprise/de profession ou…changer de valeur !
Non ! Bien sûr, vous n’allez pas changer de valeur, ce serait comme vous renier !! En revanche, vous pouvez éventuellement revoir la priorité que vous donnez à chacune de vos valeurs. Cela peut s’avérer suffisant, au moins pour un temps. Vous pouvez également réfléchir à la définition que vous donnez à telle ou telle valeur et envisager d’élargir cette définition ou de l’assouplir pour vous faciliter la vie.
Exemple :
Vous êtes quelqu’un pour qui la Liberté est une valeur importante. Or, vous travaillez pour une entreprise qui a été rachetée récemment par un groupe étranger. Et il se trouve que depuis le rachat, le contrôle des salariés a été renforcé. L’autonomie dont vous disposiez pour faire votre travail a peu à peu diminué jusqu’à vous faire péter un plomb ! Vous avez le sentiment d’être oppressé par les contrôles récurrents sur l’avancement de votre travail. Votre valeur de Liberté est bafouée et ça vous rend dingue.
Admettons maintenant qu’une autre de vos valeurs soit l’Excellence et que cette valeur soit également une des valeurs portée par votre entreprise. Vous êtes fier de travailler pour cette société qui valorise l’Excellence et cela vous motive grandement, c’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle vous avez intégré votre poste.
Dans ce cas, il est intéressant de vous demander ce qui est le plus important pour vous entre l’Excellence et la Liberté. Est-il possible que vous donniez trop d’importance à la Liberté ? Pourriez-vous accorder plus de place à l’Excellence et ainsi réorienter votre attention sur les éléments de votre travail qui servent cette valeur ?
Vous procédez ainsi à un réagencement des priorités dans votre système de valeurs pour retrouver un équilibre sans avoir besoin de tout plaquer.
Une autre possibilité serait de vous interroger sur ce que signifie le mot Liberté pour vous. Est-ce que le fait de contrôler votre travail est vraiment une atteinte à la Liberté ? Est-ce que vous pourriez envisager les choses autrement ?
Vous procédez alors à une redéfinition de votre valeur pour vous permettre de mieux vivre votre quotidien sans renoncer à ce que vous êtes.
La faculté à nous interroger sur nos valeurs et sur le sens que nous leur donnons est particulièrement utile pour mieux vivre notre quotidien, mais cela s’avère souvent très difficile car elles sont au cœur de notre construction individuelle et parfois reliées à tout un système externe (famille, société,…). C’est un des sujets que j’aborde dans mon atelier de Connaissance de Soi.
Avant de vous lancer dans cette aventure, il peut être plus aisé de modifier d’abord d’autres éléments de votre vision du monde.
- Une vision du monde inadaptée
Avez-vous déjà été en conflit avec quelqu’un ? Avez-vous déjà tenté de discuter des causes de ce conflit avec la personne concernée ? En général ça ressemble à quelque chose comme ça :
- Tu pourrais être un peu plus respectueux quand même !
- Mais je suis respectueux, arrête de m’agresser !!
- Je ne t’agresse pas, je te dis ce que je pense. Et non, tu n’es pas respectueux, tu arrives toujours en retard à mes réunions
- …
Que se passe-t-il ? Deux visions du monde différentes s’affrontent. L’un pense que « arriver en retard = irrespect » et « faire un reproche ? agression », l’autre pense exactement l’inverse. Si l’un et/ou l’autre ne modifient pas leur définition, le conflit ne cessera jamais.
C’est pareil pour vous et votre travail.
Vous pouvez tout plaquer demain, changer radicalement de métier et vous retrouver dans la même problématique très peu de temps après. Pourquoi ? Parce que le changement de métier seul ne résout pas tout. Une reconversion professionnelle réussie passe TOUJOURS par un changement de vision du monde. Et si aucun des changements proposés dans les paragraphes précédents n’a fonctionné pour vous, je suis désolée de vous dire qu’il est temps de vous interroger sur votre vision du monde plutôt que de tout plaquer impulsivement.
Voyons concrètement comment cela peut se traduire en fonction des éléments que vous avez rassemblés dans l’exercice des niveaux logiques :
Imaginons que vous ayez identifié des capacités que vous souhaiteriez acquérir et qu’au lieu de foncer pour vous former vous en soyez encore à vous demander si ça en vaut la peine. Dans ce cas, demandez-vous si vous pensez être capable d’acquérir ces capacités. Posez-vous sincèrement la question. Si tout au fond de vous, derrière les « je n’ai pas assez d’argent », « je n’ai pas le temps », « mon chef me refusera les jours d’absence »,… vous entendez quelque chose du genre « je ne suis pas sûr d’y arriver », vous tenez l’élément bloquant à votre évolution.
Ainsi, en travaillant sur cette croyance (voir article Changer d’orientation professionnelle : Se sentir capable ou pas capable), il est fort possible que votre envie de tout plaquer disparaisse pour laisser place à plein de belles surprises :)
Autre exemple : si parmi les pensées que vous avez notées, il y a l’idée qu’il est inacceptable que votre chef soit chef car il ne comprend rien aux détails de ce que vous faites et que selon vous « un chef doit maîtriser parfaitement les tâches qu’il donne à ses subordonnées ». Alors, vous tenez là encore une éventuelle piste pour améliorer votre vie professionnelle. Vous pourriez par exemple vous demander en quoi cela ferait de lui un meilleur chef et en quoi cela vous aiderait à être épanoui au travail.
En d’autres termes, la solution raisonnable que vous cherchez se trouve sûrement en vous et passe par une nouvelle façon de penser.
Ce travail d’introspection, notamment sur les valeurs et les croyances est particulièrement fastidieux et peut être assez déroutant. Pour vous permettre néanmoins de le faire en toute autonomie, j’ai créé pour vous un atelier dans lequel je vous accompagne pas à pas dans cette démarche. Et si vous préférez être accompagné en direct, l’aide d’un coach est alors conseillée. Grâce à son questionnement méthodique et son écoute attentive, le coach saura identifier rapidement le type de changement dont vous semblez avoir besoin. Vous gagnerez ainsi du temps et de l’énergie pour effectuer un changement pertinent au bon moment.
Le sujet des croyances et des valeurs étant particulièrement sensible dans le cas d’une reconversion, je vous propose de prolonger les explications et de consacrer mon prochain article au mode de pensée d’un reconverti épanoui.
En attendant, je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions via les commentaires ci-dessous ou par e-mail. Et si l’article vous a plu, pensez à le partager avec vos amis et connaissances.
Annabelle pour Cap Cohérence