« La reconversion professionnelle, c’est quand même risqué ! Tu as du courage de te lancer là-dedans ! Surtout pour entreprendre ! Et seul !»

Voici une phrase que j’ai souvent entendu lorsque j'ai décidé de quitter mon ancien job de salarié, reconnu et bien payé, pour me lancer dans l'aventure de l'entrepreneuriat et dont Cap Cohérence est un des fruits.

A chaque fois, je faisais la même réponse :

« Les vrais risques ne sont pas là où l’on pense. Mon choix de reconversion professionnelle et ma volonté d'entreprendre n’ont absolument rien à voir avec le courage, c’était une nécessité, une question de survie… »

Les termes sont certes un peu forts, et tout le monde n’en saisit pas l’idée principale. J’ai donc décidé de rédiger cet article pour :

  • Lister les principaux risques liés à un changement de vie professionnelle et vous proposer des solutions
  • Vous démontrer que le risque majeur selon moi, c’est parfois de NE PAS se lancer dans une reconversion professionnelle

La reconversion professionnelle : quand est-ce une bonne idée ?

Dès que vous commencez à vous sentir mal à l’aise dans votre job, dès que l’idée de changement vous titille, il est bon de prendre un peu de temps pour soi pour comprendre exactement d’où vient ce malaise ou cette envie de changement. De là, il faudra ensuite identifier ce que vous voulez vraiment et vérifier qu’une reconversion professionnelle est vraiment la bonne solution. Dans la majorité des cas, un changement d’entreprise, de secteur, d’équipe ou plus simplement une reconsidération de son job peut être suffisant pour retrouver du plaisir au travail.

Alors demandez-vous : si c’est l’ambiance au bureau, votre patron, vos collègues ou la routine qui sont à l’origine de vos doutes, la reconversion professionnelle n’est peut-être pas la solution à votre problème. Le même poste mais dans une autre entreprise pourrait vous convenir. Ou même une nouvelle approche de votre poste, ce qu’on appelle le « job crafting ».

Si par contre, vous aspirez à des horizons nouveaux pour utiliser au mieux vos compétences et être en cohérence avec vous-même, là, vous pourrez aborder une approche de reconversion.

Je préfère préciser ces points car la suite de l’article s’adresse principalement aux personnes se reconnaissant dans le deuxième groupe.

Reconversion professionnelle : les risques classiques !

  • Le regard des autres, le regard sur soi

Autant se rassurer tout de suite, aujourd’hui, les mentalités ont changé et la reconversion professionnelle n’est plus perçue comme un constat d’échec. Au contraire, elle suscite de l’admiration, parfois de l’envie. On verra en vous quelqu’un de courageux, qui a osé remettre en question sa zone de confort pour plus d’épanouissement. Le développement personnel est aujourd’hui en vogue et je pense que c’est une très bonne chose. Or, toute démarche de reconversion professionnelle saine est animée par ce désir de développement de soi. Vous pouvez et vous devez en être fier ! Cela vous aidera à faire face à ceux qui sont en retard par rapport à ce mouvement de quête de sens !

  • Idéaliser le job cible, ou le « syndrome de la chambre d’hôte »

Voilà un vrai risque, mais qui devrait être bien bordé si vous ne brûlez pas les étapes et que vous suivez un processus précis dans votre démarche de reconversion. Le syndrome de la chambre d’hôte, c’est, comme l’écrit si bien Sylvaine Pascual sur son blog d’Ithaque :

« Le conte de fées de la reconversion. Le rêve d’une vie paisible à faire découvrir une campagne idéale à des touristes heureux qui se transforme en vie passée à jouer les femmes de ménage corvéable à merci pour des clients jamais contents. »

Je crois que c’est assez explicite ! Et ce risque est présent pour tous les métiers visés. Pour l’éviter et avoir une vision réaliste du job que vous envisagez, il va falloir aller vous confronter au terrain. Interrogez des personnes en poste qui font ce métier. Encore mieux, testez par vous-même : via une PMSMP (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel), de façon bénévole, ou en suivant un programme tel qu’on vous le propose sur des sites comme Savoir-faire et découverte où vous pourrez passer quelques jours avec le professionnel de votre choix.

Ne sous-estimez pas cette étape. Allez sur le terrain, cela vous évitera de vous tromper !

  • Le coût d’une reconversion, le manque de ressources financières

Première chose à ce sujet : il est impossible de généraliser ce que coûte une reconversion professionnelle tant chaque cas est particulier. Il y a des cas de reconversion qui ne coûtent rien ou presque (vous passez de salarié à indépendant avec un minimum de clientèle déjà acquise par exemple), d’autres qui ont un coût mais pour lesquelles il est possible de trouver des sources de financement, via un CPF et CPF de transition par exemple.

Entre ces deux extrêmes, tout est une histoire d’astuce et de volonté. Relisez mon article "comment financer sa reconversion professionnelle" et soyez créatif : osez le double mi-temps, réévaluez votre niveau de vie, prenez un boulot alimentaire, commencez votre reconversion sur votre temps libre, testez en tant qu’auto-entrepreneur, inspirez-vous de ce que d’autres ont fait (témoignages), etc…

Si vous savez vraiment ce que vous voulez, si le désir de changement est un désir vif et inébranlable, vous trouverez forcément une solution à vos problèmes, quitte à adapter votre projet pour le rendre plus abordable.

  • La nécessaire baisse du niveau de vie

Encore une idée reçue qui a la vie dure : la reconversion professionnelle est souvent associée à une perte de revenu. C’est vrai, cela concerne une majorité des cas… mais c’est vrai aussi : ce n’est absolument pas une fatalité! Rappelons-le encore, il n’y a pas de règle générale en matière de reconversion !

Si l’argent est un élément important à vos yeux, alors intégrez simplement ce point dès les balbutiements de votre projet de changement et imaginez des solutions, des projets, qui intègrent et satisfassent cette valeur.

Mettez en place des sources de revenus complémentaires, négociez vos conditions de travail, révisez vos dépenses de bases ou votre niveau de vie, etc… soyez créatif et prenez en compte cet élément au même titre que les autres, il n’y a aucune honte ou fausse modestie à avoir.

L'erreur serait justement de ne pas assumer cette valeur et de se lancer dans un projet qui sera forcément frustrant et mal vécu.

Et tentez également un raisonnement digne d'un économiste : pour 100€ éventuellement perdus, quel gain en qualité de vie ou en épanouissement professionnel voulez-vous avoir en contrepartie ?

Alors, attention, je ne dis pas que tout est facile et réalisable, ou qu’il suffit de vouloir pour pouvoir.

Je dis simplement que tous les points listés dans cet article ne sont pas à eux seuls des éléments justifiant un immobilisme ou un non-choix.

Ce sont des contraintes, certes, je ne le nie pas. Elles doivent donc être intégrées en tant que telles dans l’élaboration de votre projet de changement. Mais elles ne doivent en aucun cas bloquer le processus d’élaboration de ce projet.

L’homme est suffisamment intelligent, le monde suffisamment riche en opportunités pour que vous puissiez imaginer des solutions qui intègrent et répondent à toutes ces contraintes.

Alors oui cela sera un peu plus compliqué, oui cela demandera plus d’effort, plus d’énergie, plus de créativité, plus d’astuce… mais le résultat n’en sera que plus délicieux !

Ne vous arrêtez pas au premier doute, à la première idée reçue, à la première difficulté, bref, au début du chemin. Ecoutez ce qu'ont à vous dire vos craintes, prenez-le en considération, et définissez un projet en conséquence !

  • Manque d’information et d’aide en matière d’orientation

Ce point a été cité par 34% des personnes en reconversion comme la difficulté principale qu’ils ont rencontrée (source sondage IPSOS pour l’AFPA, octobre 2012). Là aussi, plusieurs organismes peuvent vous proposer un accompagnement et de l’information de qualité : votre conseiller CEP, l'APEC, votre Opco, l'Adie, etc... et bien évidemment, Cap Cohérence !

Vous êtes ici sur un site spécialiste du changement de vie professionnelle, de l'épanouissement au travail et de l'entrepreneuriat. Vous trouverez une mine d'informations et de réflexions sur ce blog, et vous pouvez à tout moment nous solliciter pour vous accompagner dans votre cheminement et votre démarche. Il suffit de cliquer sur le bouton "Me contacter" en bas de page.

Enfin, au-delà de l’information, nous croyons surtout des encouragements, des soutiens et des appuis dont les gens ont besoin.

La reconversion professionnelle est une belle aventure et vous méritez ce soutien inconditionnel !

De notre côté, nous ne sommes jamais avares en encouragements et nous adorons pointer du doigt vos plus belles qualités :-)

Reconversion professionnelle : le vrai risque, c’est parfois de NE PAS la tenter !

Mais d’après moi, le risque le plus vicieux de la reconversion professionnelle, c’est parfois de ne pas tenter l’aventure !

Surprenant non ? Pourquoi est-ce un risque ?

Parce que continuer à évoluer dans un environnement professionnel qui ne vous satisfait plus, qui ne vous correspond plus, qui ne vous nourrit plus, peut être terriblement anxiogène. Le manque de cohérence entre ce que vous êtes et ce que vous faites, entre ce que vous voulez et ce que vous avez, peut créer une dissonance interne tellement forte qu’elle peut conduire jusqu’au Burn Out ou la dépression. Je vous invite à lire nos articles sur le sujet ici pour en appréhender les risques.

Et même avant d’en arriver là, le mal-être dû à la frustration professionnelle engendre des maux comme l’agressivité, l’improductivité, le présentéisme, la lassitude. Mais il faut bien comprendre que ces symptômes ne sont que la partie visible de l’iceberg. Ils peuvent rapidement dégénérer dès que la moindre nouvelle perturbation professionnelle ou personnelle arrive.

Ainsi, il ne faut pas nier que l’aventure de la reconversion professionnelle comporte son lot de risques et de difficultés. La crainte de ne pas pouvoir y faire face peut vous amener à renoncer, voire à ne même pas envisager cette solution. Pourtant, même si vous avez ainsi la sensation d’éviter la prise de risque en privilégiant votre zone de confort, vous ne faites que prendre un risque plus grand qui peut vous faire basculer dans un profond mal-être.

Peu de personnes sont réellement conscientes de ce risque. C’est exactement pour cela que je le qualifie de vicieux.

Et c’est aussi exactement pour ça que j’ai choisi de me lancer dans une reconversion professionnelle cohérente et dans l’entrepreneuriat. Non pas par courage, mais pour me sauver moi-même d’une situation dépressive inutile. C’était donc une nécessité, une question de survie

Qu’en pensez-vous ? Aviez-vous identifié ces risques ? Comment y faites-vous face ?

Charly Jucquin