Mes rencontres et échanges avec des personnes qui désirent changer de métier et se lancer dans une reconversion professionnelle sont toujours très riches et instructives !

C’est l’occasion de formaliser des concepts que j’ai toujours plaisir à partager sur ce blog. Aujourd’hui, j’aimerais vous faire part d’une réflexion que je résume ainsi « le paradoxe de l’identité » !

Vous êtes intrigué ? Alors laissez-moi vous poser deux questions :

  • Quel est le principal moteur qui pousse les gens à la changer de job ?
  • Quel est le principal frein qui empêche les gens de se lancer dans une reconversion professionnelle ?

Petit indice, dans les deux cas, nous allons parler d’identité…

Reconversion Professionnelle: En quête d'identité !

La quête d’identité : principal moteur de la reconversion professionnelle !

Le principal moteur de la reconversion professionnelle ? Il s’agit bien évidemment de la quête de sens, et au-delà, de la quête d’une identité propre, forte, assumée, dont on peut être fier, satisfait. On veut redevenir pleinement soi-même. On veut mettre en cohérence ce que l’on fait et ce que l’on est. On aspire à une réelle plénitude en arrêtant de jouer un rôle source de stress, en assumant enfin complètement sa personnalité profonde.

La quête d’identité, voilà ce qui se cache derrière des désirs exprimés comme : sortir enfin du moule, quitter la « rat race », faire enfin ce que j’aime, ne plus travailler pour travailler, travailler pour moi, ne plus être qu’un numéro, etc…

L’objectif poursuivi par la reconversion professionnelle est donc louable et hyper motivant, il s’agit finalement d’assumer son identité.

Mais c’est là qu’intervient le paradoxe de l’identité, car quel est le principal blocage lorsque l’on envisage de se reconvertir ?

Reconversion Professionnelle : La perte d'identité....

La perte d’identité : principal frein de la reconversion professionnelle !

Et oui, paradoxalement, lorsqu’on change de métier, on quitte également une grande partie de notre identité, d’autant plus dans notre société moderne qui a érigé la profession comme le pilier central d’identité. Vous ne me croyez pas ?

Et que demandez-vous en premier à une personne que vous rencontrez pour la première fois ?

« Que faîtes-vous dans la vie ? »

Et, sans mystères, la personne comprend directement qu’on lui demande son métier. Et elle répondra plus ou moins fièrement

« Je suis médecin/ ouvrier/ ingénieur/ infirmier/ professeur/ jardinier… » ou pire « je suis sans emploi ».

Et en fonction de la réponse, votre cerveau rangera inconsciemment cette personne dans une case.

Lorsque l’on change de métier, on change donc de pilier central d’identité. On ne sera plus jamais rangé dans la même case dans le cerveau des autres.

Il va donc falloir doublement assumer ce changement d’identité.

Doublement, car l’on devra faire face à son propre regard, ainsi qu’à celui des autres.

Et les autres, ce n’est pas forcément les inconnus à qui on se présente pour la première fois. C’est aussi et surtout les proches : collègues, voisins, amis, famille, etc… Un tel changement peut même perturber la vision de votre conjoint si votre couple n’est pas construit sur des bases solides.

Vous allez donc devoir affronter le regard des autres, dont certains ne vous comprendront plus, ne vous reconnaîtront plus. Vous allez ainsi perdre l’identité qu’ils vous accordaient. Cela peut faire peur, car les autres vous feront des remarques parfois anodines, parfois non, qui vous mettront le doute sur le bien-fondé de votre volonté de changer (au passage, un article intéressant sur le doute ici)

La reconversion professionnelle: paradoxe de l'identité

Mais comment en est-on arrivé là ?

Voici mon analyse : au fur et à mesure de nos études puis de nos expériences professionnelles, pas toujours complètement choisies, nous nous sommes construits une identité professionnelle qui a fini par fortement influencer notre identité première. Moins nos choix professionnels ont été de vrais choix, plus notre identité affichée (et donc perçue) s’est éloignée de notre identité profonde. Plus la différence entre ces deux identités est grandes, plus il y aura de stress et de mal-être, et plus il sera difficile de quitter une situation pour une autre. Et pourtant, c’est dans ces cas-là que le changement est le plus salutaire.

Une fois que vous avez pu quantifier cette différence de personnalité, il reste maintenant à comprendre à quelle profondeur relationnelle cette différence est ancrée :

Est-ce que votre identité professionnelle ne s’exprime que dans le cadre professionnel ? A-t-elle influencé votre cercle d’ami ? Le regard de vos parents ? Votre relation avec votre conjoint ? Votre vision de vous-même ?

Plus cette dissonance est profonde (par exemple votre conjoint ne connait pas votre véritable identité, ou pire, vous ne vous identifiez plus qu’à votre métier), plus le malaise sera grand, et plus il sera difficile de quitter votre identité construite autour de votre profession pour se recentrer sur vous.

Reconversion professionnelle : Faire face au paradoxe de l'identité

Reconversion professionnelle : Comment faire face à ce paradoxe de l’identité ?

Perdre une identité, changer d’identité, même pour en construire une qui nous convient mieux, peut s’avérer une expérience troublante et difficile.

Comme nous venons de le voir, si votre dissonance d’identité s’est ancrée profondément dans vos cercles relationnels, il y a même un risque de déstabiliser le cercle amical, voire familial. Cette déstabilisation peut même aller jusqu’à la rupture dans certains cas.

Pour faire face à ce moment décisif de votre vie, il faut vous appuyer sur deux éléments essentiels, qu’il faut avoir appris à développer en amont de votre projet de changement :

  • L’amour de soi
  • La confiance en soi

L’amour de soi pour commencer. Pour aller jusqu’au bout de son projet de changement, il faut que l’objectif nous convienne : il faut ainsi que la personne que l’on veut devenir nous attire, nous séduise. Et cette personne, c’est soi-même ! Il est donc essentiel de ressentir un amour sincère pour soi pour se lancer dans un tel projet avec motivation. Comme on dit beaucoup dans le monde du développement personnel, il faut être conscient de son diamant intérieur !

La confiance en soi ensuite. Elle sera nécessaire pour affronter les périodes de doutes, de tensions, de frictions avec les autres ou avec soi-même. Vous devez être pleinement confiant dans vos capacités à mener à bien votre projet et à trouver les solutions les plus optimales.

La reconversion professionnelle en douceur

Mais toutes les reconversions professionnelles ne sont pas aussi difficiles !

Rassurez-vous, tous les projets de reconversion professionnelle n’induisent pas un paradoxe de l’identité aussi marqué !

En effet, si vous avez pris soin au cours de votre vie de faire des choix à peu près cohérents, si vous avez pris soin de construire vos cercles relationnels sur des bases saines et solides, alors vos différences d’identités et votre profondeur d’ancrage seront assez faibles. Il vous sera alors beaucoup plus aisé de conduire votre changement de métier sans risquer de faire tout exploser !

Ceci étant dit, il me parait vraiment important de prendre conscience de ce mécanisme de paradoxe de l'identité lorsque l'on entreprend un projet de reconversion professionnelle.

In fine, c'est même un sujet majeur abordé par nos coachs lorsqu'ils vous accompagnent dans votre changement de vie, que ce soit explicite ou non. Et oui, au delà de l'aide précieuse qu'ils apportent pour vous aider à identifier votre projet professionnel cohérent et à le mettre en oeuvre, ils s'assureront que ce changement d'identité soit assumé et désiré, mesureront les impacts sur vos différents cercles d'entourage et vous aideront à les gérer (un article à ce sujet ici) et borderont l'ensemble des problématiques liées à un changement de job, qui sont décidément bien loin de simplement "trouver une idée de job, une formation, un financement"...

Mais revenons à vous et au concept de paradoxe d'identité : dans quel cas vous situez-vous ? Ressentez-vous une différence d’identité forte ou non ? Profondément ancrée ou non ? Comment avez-vous vécu ou vivez-vous vos changements de vie ?