Lors d'un projet de reconversion professionnelle, comme dès qu’il est question de changement, il faut savoir que l’entourage est nécessairement impacté et sera donc amené à réagir.

Peur, excitation, incompréhension, blocage, jalousie… vous allez inévitablement générer des émotions plus ou moins fortes, des comportements plus ou moins facilitateurs, des exigences plus ou moins attendues qui se rajouteront aux contraintes auxquelles vous devez déjà faire face.

Ainsi, quel que soit votre projet de reconversion professionnelle, il va falloir prendre le temps de bien analyser votre environnement, de bien comprendre l’impact de votre action sur votre entourage, pour ensuite mobiliser chacune des personnes qui ont une influence sur vous. Ce travail est absolument nécessaire si vous voulez construire une nouvelle vie solide, équilibrée et épanouissante, ce qui est à mon sens l’objectif d’une reconversion professionnelle !

Je vous propose une méthode en trois étapes pour canaliser l’énergie de votre entourage et l’utiliser comme un carburant de votre projet de changement.

1-Identifiez les différents cercles qui constituent votre environnement

Commencez par analyser votre entourage et par regrouper les personnes en plusieurs cercles homogènes. Ces cercles peuvent contenir une ou plusieurs personnes. Plus ou moins larges, il s’agit d’identifier les groupes sur lesquels vous avez une influence et/ou qui ont une influence sur vous. Voici un exemple des cercles les plus courants :

  • Le couple
  • Les enfants
  • Les parents
  • Les amis proches
  • Les voisins
  • Les collègues
  • La hiérarchie (patrons directs et indirects, RH, etc…)
  • La catégorie socio-professionnelle à laquelle vous appartenez
  • Les personnes qui vous accompagnent : coach, médecin, psy, conseiller pôle emploi
  • Etc…

2- Comprenez les impacts, les attentes et les ressources proposées

Une fois que vous avez listé l’ensemble des cercles qui constituent votre entourage, je vous propose de revenir sur chacun d’entre eux pour comprendre, d’une part, en quoi votre projet de reconversion les impacte et, d’autre part, quelles sont leurs attentes vis-à-vis de vous dans ce projet.

Vous verrez que c’est assez facile, mais structurant, de penser aux impacts directs. Il est beaucoup plus difficile de penser aux impacts indirects, ou implicites, non exprimés, voire inconscients. C’est pourtant essentiel dans notre travail car c’est en négligeant ce point que la plupart des gens se plantent. Pour compléter l’étude, je vous propose également de repérer quelles ressources vous proposent ces cercles, c’est-à-dire quelles forces et quels soutiens vous pourriez y puiser. Je continue mon exemple pour que vous compreniez bien l’idée de l’exercice :

Petite attention à ce niveau : vous allez sans doute commencer par renseigner ce tableau seul dans votre coin : n’hésitez pas à vérifier ensuite la pertinence et la réalité des impacts que vous avez identifiés. En effet, on a parfois (souvent !) tendance à projeter nos propres peurs sur les autres et il serait dommage, voire dommageable, d’adopter un comportement mal adapté. Un petit exemple ? Vous pensez qu’une des plus grandes craintes de votre conjoint c’est que vous soyez trop souvent absent. Ainsi vous vous employez soit à intégrer cette contrainte dans votre projet pour diminuer vos périodes d’absence, soit à la convaincre de bien utiliser ce nouveau temps libre… Sauf que lui (ou elle) était déjà ravi à l’idée de pouvoir investir plus de temps sur ses propres idées, projets ou loisirs. Finalement, vous vous êtes peut-être trop contraint pour rien : vous vous privez (vous et votre conjoint) d’un temps précieux qui aurait été investi à bon escient. Peut-être pire : à force de justifier vos futures absences, votre moitié pourra à force venir à s’interroger sur les raisons profondes de vos absences…. D’où une idée essentielle : vérifier vos hypothèses !

3- Rassurez et mobilisez !

Si vous avez fait sérieusement l’exercice précédent, vous avez maintenant toutes les clés en main pour répondre aux éventuels blocages de votre entourage et utiliser au mieux vos différents cercles.

Nous allons différencier trois catégories de cercles et proposer une stratégie adaptée pour chacune de ces catégories :

A- Des impacts, mais peu d'apports: à minimiser

Pour commencer, repérez les cercles qui vous apportent peu mais sur lesquels votre projet a un impact plutôt négatif. La stratégie à adopter pour ces personnes est la suivante : rassurer de temps en temps, et surtout, parler peu de votre projet et de vos inquiétudes. En fait, évitez de les inclure dans l’élaboration de votre projet, car elles seront plutôt sources de freins et de frustrations, même si c’est bien souvent involontairement. Il vaut mieux parfois s’abstenir de dépenser de l’énergie avec des personnes qui ne vous fourniront pas ou peu de retours positifs, même si vous les appréciez. Dans mon exemple, c’est le cas des collègues de travail : ils n’apportent pas grand-chose à votre projet de reconversion sinon des idées préconçues et limitantes, du style : « c’est impossible, si ça marchait ça se saurait, es-tu prêt à complétement diminuer ton niveau de vie ?, moi aussi j’y ai pensé mais il faut savoir être raisonnable, blablabla… » En fait, il faut savoir que votre projet réveille leurs propres peurs, contradictions et autres envies refoulées… A noter, ici, j’ai pris pour exemple les collègues de travail, mais ça ne veut pas dire que tous les collègues de travail réagissent comme ça ! On peut aussi retrouver ce genre de comportement dans vote hiérarchie, chez vos parents, amis, etc… A vous de comprendre vos cercles ! Ne prenez surtout pas mes exemples pour des généralités !

B- Des impacts, des apports: à consolider

Dans un deuxième temps, identifiez les cercles sur qui vous avez un fort impact, mais qui peuvent aussi vous apporter énormément. Il s’agit en général des cercles les plus proches : familles, amis. Avec eux, vous devez suivre la stratégie suivante, nécessaire : rassurer, convaincre, partager votre enthousiasme et mobiliser ! Vous avez compris les peurs, les impacts négatifs et les attentes de votre entourage : prenez le temps d’y répondre point par point. Votre conjoint a peur d’une diminution de vos revenus : montrez lui que c’est inexact ou temporaire. Si c’est vrai, ne le cachez pas, dites-le explicitement. Soyez toujours transparent pour maintenir la confiance. Par contre, expliquez ce que vous allez gagner en échange : sérénité, disponibilité, joie de vivre, habiter à la campagne, etc… Rassurez-le en lui proposant des projections financières, en identifiant clairement les sacrifices que vous demandez et en mettant en lumière tout ce que votre projet va apporter de positif. Rappelez-vous que votre famille n’a aucune envie de vous voir souffrir. Elle préférera très certainement quelques petits ajustements dans le train de vie. Et si votre conjoint refuse catégoriquement toute baisse de niveau de vie, réfléchissez à des sources de revenus complémentaires, j’en parlerai dans un autre billet si vous n’avez pas d’idées. Vous devez absolument répondre à toutes les peurs de votre entourage avant d’espérer les convaincre des bienfaits de votre projet. C’est ainsi et c’est nécessaire. Une fois fait, partagez alors votre enthousiasme, communiquez sur vos objectifs et vos avancées. Et dans l’idéal, incluez-les dans le projet.

Donnez-leur un rôle. Rappelez-vous que la peur est soluble dans l’action !

C- Peu d'impacts, beaucoup d'apports

Pour terminer (vous avez fait le plus dur), déterminez maintenant les cercles qui peuvent vous apporter beaucoup mais sur lesquels votre projet n’a que peu ou pas d’impacts. Je pense à vos amis proches, votre coach, votre médecin, votre psy, vos mentors, etc… Alors là, la seule stratégie à adopter est : profitez, profitez et profitez !

Ne vous privez pas d’identifier ces personnes et d’en tirer tout ce qu’elles peuvent vous proposer, c’est un super carburant !

Bon, vous allez dire que je prêche pour ma paroisse, mais l'ensemble du réseau Cap Cohérence fait partie de cette dernière catégorie :-)

A vous de jouer maintenant, vous savez tout !

Que pensez-vous de cette approche ?

Charly Jucquin