"Je ne trouve plus de sens dans ce que je fais" ; "J'ai le sentiment d'avoir fait le tour" ; " J'aimerais redonner du sens à mon travail mais je ne sais pas vraiment ce qui me plairait" ; "Jusqu'ici j'ai surtout été guidé par la sécurité et la facilité, j'aimerais changer mais vers quoi ?" ; "Comment retrouver du sens au travail ?"

D'après un sondage Steelcase réalisé en 2016 auprès de 12 480 personnes, seuls 5% des salariés français se disent pleinement satisfaits de leur travail. Et chez Cap Cohérence, nous rencontrons tous les jours des personnes qui songent à quitter leur entreprise voire à changer de métier pour retrouver du sens au travail. Mais qu'est-ce qui donne du sens au travail ? Comment le trouve-t-on ? Est-on vraiment plus heureux après ? Voyons ensemble...

La perte de sens au travail

Le sens au travail s'est dégradé ces deux dernières années

D'après une étude publiée en décembre 2017 par Deloitte et Viadeo, 55% des salariés interrogés déclarent que le sens au travail s'est dégradé depuis 2 ans. Vous n'êtes donc pas seul à constater une perte de sens au travail. Comment l'expliquer ? Parmi les grandes tendances qui contribuent à cette diminution du sens au travail, on observe :

  • L'essor du travail à distance,
  • La division des tâches,
  • L'affaiblissement du sentiment d'appartenance à l'entreprise.

sens_travail

Au niveau individuel, cette perte de sens au travail s'explique en partie par :

Tous ces éléments traduisent un manque de cohérence. Cohérence entre les valeurs affichées et les comportements observés au quotidien. Cohérence entre la contribution que je souhaite apporter au monde et la finalité de l'entreprise dans laquelle je passe mes journées. Cohérence entre la vision, les missions, les valeurs et les décisions prises par la ligne managériale. C'est très souvent, de ce manque de cohérence que provient la perte de sens au travail.

Or, il y a une forte attente de sens au travail

En effet, toujours d'après cette même étude du cabinet Deloitte, près de 9 personnes sur 10 accordent de l'importance au sens de leur travail. Il est important pour elles que leur travail ait du sens. Pourquoi ? En quoi le fait de donner du sens au travail est-il si important ? Parce que cette quête de sens est ce qui fait notre humanité. C'est ce qui nous caractérise en tant qu'Homme. C'est ce qui nous différencie des autres espèces et des machines. C'est en ce sens que John Stuart Mill disait :

"Mieux vaut être un humain insatisfait qu’un porc satisfait ; Mieux vaut être Socrate insatisfait qu’un simplet satisfait." John Stuart Mill

Notre capacité à nous interroger sur le sens de notre travail et de notre existence est une qualité éminemment humaine. Si on cherche à donner du sens au travail, c'est parce que c'est un besoin profond de l'être humain nous répondrait Viktor Frankl.

ADN

En effet, si on dresse un parallèle avec le sens de la vie, on constate que la vie, comme le travail, ne peut être ressentie comme insensée que parce qu’il y a une attente de sens. Pour Jean Grondin, professeur de philosophie à l’Université de Montréal, « La vie ne peut pas ne pas avoir de sens. En effet, de deux choses l’une : ou bien la vie a un (ou des) sens, ou bien elle n’en a pas. » Or, si la vie est jugée absurde, c’est parce que l’on présuppose qu’elle doit avoir un sens. Parallèlement, si pour certains le travail est jugé absurde, qualifié de bullshit job, c'est parce que l'on présuppose qu'il doit avoir un sens.

Le manque de sens au travail, une opportunité pour repartir du bon pied !

Dans le cadre de mon mémoire de recherche sur le sens au travail, j'ai eu la chance d'interviewer 10 personnes avec des profils très variés (entrepreneur, salarié, dirigeant, retraité, enseignant, …). A la question : "A quel moment la question du sens au travail s'est-elle posée ?", nombreux sont ceux qui m'ont répondu que c'était l'absence de sens qui les a obligés à s'interroger.

La prise de conscience de la perte de sens au travail peut être une opportunité pour envisager un autre chemin plus épanouissant.

En résumé, vous êtes près d'un français sur deux à constater que le sens au travail s'est dégradé. Or, la volonté de donner du sens à son travail, elle, est toujours là, car c'est un besoin profond de l'être humain. Que faire ? Voici quelques questions d'introspections qui peuvent vous aider à dresser un état des lieux:

introspection

  • Ai-je le sentiment que le sens au travail s'est renforcé ? s'est dégradé ? Depuis quand ?
  • Qu'est-ce qui me fait dire cela très concrètement ?
  • Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce qui demeure ?
  • Qu'est-ce que ces changements ou cet immobilisme génèrent comme pensées, comme émotions et comme actions au quotidien ? Qu'est-ce que je me dis ? Qu'est-ce que je ressens ? Qu'est-ce que je fais désormais ?

Pour vous aider à prendre davantage de recul et analyser ensemble les réponses à ces questions, n'hésitez pas à contacter un coach.

Les 3 principaux piliers du sens au travail

Depuis des décennies, de nombreux chercheurs, auteurs, journalistes, érudits se sont évertués à synthétiser les principales sources de sens dans la vie. Parmi celles-ci, on retrouve à chaque fois : l'appartenance et la raison d'être. Ce sont notamment les deux premiers piliers cités par Emily Esfahani Smith, dans l'ouvrage que je vous recommande vivement Je donne du sens à ma vie.

1. Le sentiment d'appartenance renforce le sens au travail

Chercher à être vrai dans sa relation à l'autre...

Troisième strate de la pyramide de Maslow, première source de sens mise en avant par la plupart des chercheurs, le fait d'appartenir à un groupe, de se sentir inclus, compris et accepté est essentiel pour l'être humain. Exercer un métier qui a du sens, consisterait donc avant tout à tisser des liens forts avec une communauté dans laquelle on se sent apprécié pour ce que l'on est.

appartenance

...malgré des tendances de fond qui nous éloignent...

Paradoxalement, les nouveaux modes de vie plus individualistes tendent à fragiliser ce lien essentiel à l'être humain. D'ailleurs, Emile Durkheim a montré que les pays dans lesquels le taux de suicide augmente sont ceux qui érigent la liberté individuelle comme principe fondamental. Les pays qui favorisent l’individualisme, la propriété privée ou l’indépendance sont ceux dans lesquels les individus s’épanouissent le moins. Quitter son entreprise, c'est quitter une communauté. La plupart des personnes qui partent de leur entreprise quittent avant tout leur manager, pas leurs collègues. Vous envisagez de partir de votre entreprise pour donner du sens à votre travail ? Pour réussir cette période de transition, n'hésitez pas à contacter un coach.

« Mon travail a du sens pour moi car je suis au cœur d’un éco-système dédié à l’entrepreneuriat social. J’adore être en lien avec plein de personnes différentes et je retrouve ici ce côté communauté. » Entrepreneur social.

...en s'appuyant sur des liens forts...

Pour commencer à cheminer vers un métier qui a du sens pour vous, 3 questions clés peuvent vous aider :

  • A qui est-ce que je souhaite consacrer mon énergie ?
  • Au sein de quelle communauté aimerais-je m'investir davantage ? Dans quel groupe est-ce que je me sens utile et apprécié?
  • Comment puis-je renforcer les liens que j'ai déjà tissés et/ou créer de nouveaux liens ?
« Ce qui me maintient en vie, c’est de compter pour les autres. » Salarié.

2. La raison d'être comme vecteur de sens

Aligné

Chercher à être vrai vis à vis de soi-même...

La brève étude quantitative (111 répondants) menée dans le cadre de mon mémoire sur le sens au travail révélait que seuls 18% avait le sentiment d'avoir trouvé leur raison d'être. La majorité des personnes interrogées déclaraient "s'en rapprocher". Les autres répondants considéraient qu'ils ne la connaissaient pas vraiment, voire pas du tout. En revanche, pour 80% c'est une quête très importante pour eux, à laquelle ils songent souvent.

...c'est chercher l'alignement entre ce que l'on est et ce que l'on fait...

Pour trouver ou retrouver cet alignement, il est essentiel de s’interroger sur ses propres valeurs. Conscient ce qui est important pour nous, il sera plus aisé de définir les buts que l’on poursuit au travail et dans la vie.

« Donner du sens, c’est faire des choses qui sont importantes pour nous et qui servent une cause qui nous dépasse. J’aide les personnes à se réaliser, à s’accomplir, à oser faire des choses dont ils ne se croyaient pas capables. » Un entrepreneur.

... et trouver les moyens pour le maintenir

Chercher cet alignement est important mais pas suffisant pour trouver du sens au travail. En effet, les conditions de travail influencent aussi le sens que l'on trouve à ce que l'on fait. "On ne regarde plus que les chiffres maintenant, on ne prend même plus le temps de s'asseoir pour discuter."

« Pendant longtemps, j’ai aimé mon travail à l'hôpital. Puis un nouveau chef de service a été nommé. Nous avions des visions très différentes. Je ne pratiquais plus mon métier comme je le souhaitais. Je faisais les plannings. J’étais très seule. Je ne voulais plus travailler dans ces conditions. » Sage-femme à la retraite.

Paradoxalement, même en exerçant un métier qui a une véritable utilité sociale ou sociétale, certaines personnes nous font part de leur détresse et de la perte de sens. Alors qu’elles sont alignées entre ce qu’elles sont et ce qu’elles font au quotidien, elles ne se sentent pas épanouies. Comment l’expliquer ? La quête de sens est éminemment complexe et personnelle. Trouver l’alignement est un début, le maintenir est un progrès.

boussole alignement

3. Etre utile aux autres donne du sens au travail

« Si j’ai choisi d’être professeur de français c’est parce que l’éducation est le pilier central et je cherchais le moyen d’être utile sur le long terme. » Une enseignante en REP.

Donner du sens au travail, c'est être utile aux autres...

Ce qui est ressorti de la brève enquête qualitative menée auprès de 10 personnes, c'est que donner du sens au travail c'est avant tout être utile aux autres.

Les chercheurs spécialisés dans ce domaine exposent la « générativité » comme un des piliers du sens. Combien de personnes autour de vous sont animées par l’envie de transmettre ? d’apporter quelque chose à la postérité ? de laisser une trace de leur passage sur terre ? C’est ce que l’on nomme la « générativité ». Pour de nombreux chercheurs, cette transmission renforce notre sentiment de vivre une vie pleine de sens.

... et être utile aux autres nous rend plus heureux !

Les études montrent que le fait d'être utile aux autres est particulièrement gratifiant. Tout d'abord, parce qu'en tant qu'être humain nous sommes animés par un besoin universel: la camaraderie, le fait de se sentir proche des autres émotionnellement. Lorsque l'on crée du lien, que nous sommes au contact d'autrui, nous générons des émotions positives. Ensuite, le sentiment d'utilité émane de notre capacité à nous engager pour quelque chose qui nous dépasse. Aider l'Autre, en contribuant à une cause supérieure permet d'accroître notre niveau de satisfaction. Enfin, en investissant du temps et de l'argent pour autrui, on retire une certaine satisfaction à la fois matérielle et sociale. Pourquoi ? Parce que, quelle que soit notre culture, aider les autres est perçu comme un acte admirable et louable.

aider

Par ailleurs, être utile aux autres c'est aussi renforcer l'estime que l'on a de nous mêmes. Alors, serions-nous utiles aux autres uniquement parce que l'on y trouve un intérêt personnel ? C'est ce qu'ont démontré certains chercheurs. Pour eux, lorsque l'on consacre notre énergie aux autres, nous nourrissons notre ego (Batson, Ahmad & Stocks, 2011). Et alors ? Aider les autres tout en générant chez soi des émotions positives, c'est génial non ? C'est du gagnant-gagnant ? Et bien, ça dépend !

Mais toutes les relations d'aide ne sont pas forcément aidantes !

Serait-il possible que j'aide l'autre en poursuivant mon intérêt personnel sans l'aider vraiment ? Dans son ouvrage Le développement de la personne, Carl Rogers cite les travaux de recherche de Heiner portant sur la manière dont la personne accompagnée perçoit cette relation et identifie les facteurs les plus bénéfiques comme étant:

  • La confiance établie,
  • Le fait de se sentir compris,
  • Le fait que l'accompagnateur ait clarifié ce que la personne accompagnée ressentait et exprimait vaguement.

En revanche, les attitudes suivantes apparaissent comme non aidantes :

  • une sympathie trop grande,
  • l'absence d'intérêt, une attitude distante, les conseils directs et précis
  • une trop grande importance accordée au passé plutôt qu'aux difficultés actuelles.

Etre - vraiment - utile aux autres, ça s'apprend ! Trouver du sens au travail est souvent synonyme de soin apporté aux autres, à la planète, aux malades, aux victimes de violences, aux personnes éloignées de l'emploi,... Effectivement les défis à relever ne manquent pas:

"On constate déjà des pénuries dans les parties densément peuplées, des pertes économiques, des troubles sociaux et l'instabilité politique, la propagation de maladies contagieuses, l'expansion de ravageurs et de nuisibles, l'extinction de nombreuses espèces vivantes, des dégâts irréversibles et graves à l'encontre des éco-systèmes uniques, la fonte des glaces polaires et des glaciers, ainsi que des diminutions de rendements agricoles. Voilà pour le présent."
Extrait de Comment tout peut s'effondrer de Pablo Servigne et Raphael Stevens

Comment redonner du sens au travail ?

solution sens travail

Le sens n'est pas quelque chose de figé, bien au contraire. Il est évolutif, complexe, propre à chaque individu et très dépendant l'environnement dans lequel on se situe.

« J’ai toujours su que je voulais être institutrice parce que l’école c’est comme une micro-société. Tu es au centre de tout. C’est un engagement total. Tu dois toujours être à 100% avec les enfants. Tu as une grosse responsabilité parce que tu formes des citoyens. Pendant longtemps ma vie c’était l’école. Puis, plusieurs expériences ont commencé à instaurer le doute. Mais c’est l’inspection qui m’a fait vriller. J’étais aphone pendant trois mois. J’ai pris du recul et je me suis dit que je ne pouvais pas passer ma vie à cela. » Ancienne institutrice.

1. Développer une posture réflexive

La posture réflexive est la capacité à prendre du recul sur ce que l'on vit et à apprendre de ses expériences. Elle est essentielle pour tirer parti de ses expérimentations. En effet, il est très difficile, voire impossible de prédire en amont quel métier aura du sens pour vous. De manière imagé, c'est comme si vous souhaitiez comprendre le sens d'un livre avant de l'avoir lu. On peut définir une direction, une orientation sur la base de ce que nous sommes, de nos valeurs, de ce qui est important pour nous et du sens qu'on donne au travail.

Mais, l'idée que je me fais d'un métier et la manière dont il est exercé dans cette équipe, dans cette entreprise, dans cette région avec cette responsable peut être très variable ! D'où la nécessité d'expérimenter et de dresser un bilan à chaque étape pour savoir si vraiment j'exerce un métier qui a du sens pour moi ou non.

C’est en cela que les séances de coaching sont importantes car elles permettent cette prise de hauteur. La finalité de l'accompagnement n'est pas d'aider le client à passer un cap mais de lui apprendre à passer en toute autonomie les prochains caps ! C'est en travaillant avec lui cette posture réflexive sur le sens au travail, qu'il parvient à l'acquérir et à l'utiliser tout au long de sa vie de manière autonome . Ainsi, en tant que coaché vous pourrez par vous même expérimenter et analyser ce que vous avez vécu pour vous réorienter ou poursuivre dans la même voie.

coaching

Voici quelques questions qui peuvent vous guider pour analyser une expérience sous l'angle du sens au travail:

  • Signifiance : Dans quelle mesure ce que je fais est important pour moi et pour les autres ?
  • Sentiment d'appartenance : Ai-je le sentiment d'appartenir à un groupe ou à une communauté ?
  • Cohérence : En quoi cette expérience est-elle cohérente avec mon parcours, ce que je suis aujourd'hui et ce que je souhaite devenir ?
  • Orientation : Dans quelle mesure m'aide-t-elle à agir pour une cause supérieure ? Dans quelle mesure me freine-t-elle dans la poursuite de ces buts ?

2. Continuer ce qui vous procure de la joie

La joie n'est pas le plaisir ! En effet, pour le théologien Frederick Buechner, la vocation réside à l’endroit « où se rencontrent la joie la plus profonde et le besoin le plus criant du monde.» Comment savoir si ce travail a du sens pour moi et me procure véritablement de la joie ? Ayant adopté la capacité à analyser chacune de vos expériences grâce à une posture réflexive, vous saurez dans quelle voie vous orienter. Effectivement, à la question "comment avez-vous trouvé un métier qui avait du sens pour vous ?" la plupart des personnes que j'ai interviewées ont repris cette même idée :

« Je n’ai pas eu une approche intellectuelle sur le sujet du sens au travail. J’ai souvent commencé par faire des choses puis j’observais si j'en retirais de la satisfaction ou non. Je l'ai fait parce que ça me passionnait et parce que c’était utile à d’autres. »

Qu'est-ce qui vous procurerait de la joie, à cet instant ? Avec qui souhaitez-vous travailler, monter un nouveau projet ? Que mettez-vous en place comme rituels pour rester libre de changer de voie si celle imaginée ne vous convient finalement pas ?

joie

Le sens au travail, un besoin dont on doit prendre soin

En résumé, le sens au travail tend à diminuer depuis ces dernières années. Cette perte de sens s’explique notamment par le manque de cohérence observé à plusieurs niveaux. Or, il y a une forte attente de sens au travail car c'est un besoin essentiel de l'être humain. Dès lors, pour redonner du sens au travail plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  1. Prendre conscience de l’absence de sens et de ce qui y contribue
  2. S'interroger sur son environnement de travail actuel
  3. Renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté
  4. Clarifier sa raison d’être à partir des éléments qui sont importants pour vous, vos valeurs
  5. Se rendre utile aux autres aujourd’hui et apporter quelque chose à la postérité demain

Je vous quitte avec ces mots qui me rappellent la richesse des rencontres faites lors de la rédaction de mon mémoire. A méditer !

"Je vis pleinement mon travail lorsque j’arrive à relier les sciences humaines et les sciences exactes, l'homme et l'entreprise." Un philosophe manager
« J’ai alors découvert que ma vocation était d’allier l’art et l’innovation sociale. » Un artiste engagé
« La vieillesse est l’accomplissement du sens de la vie en tant que femme, sage femme, mère et grand mère. » Une femme exceptionnelle.

Delphine Riant pour Cap Cohérence