Quand on parle de transition ou de changer de voie professionnelle, on utilise indifféremment les termes de réorientation ou de reconversion. Le premier indique «donner une nouvelle orientation », le second, se définit par un changement d’activité professionnelle. Au-delà de la sémantique et des règles appliquées par les moteurs de recherche sur internet, il ne semble pas émerger de différences profondes entre ces deux termes. Pourtant le ressenti et le vécu de chacun, la manière d’aborder la problématique et les implications semblent bien différents quand bien même la finalité est la même : changer de métier.

C’est donc ces distinguos qu’il parait utile de préciser car ils peuvent en amont, éclairer et faciliter les choix d’une démarche de transition professionnelle.

Exemple n° 1 : Karim, 30 ans d’ingénieur informatique à humoriste

Exemple n° 2 : Marcella, 42 ans, de directrice d’agence de mannequin à brodeuse de mots

Est-ce tout à fait la même démarche pour l’un que pour l’autre ?

1. De changer de voie professionnelle

Cycle réorientation & reconversion

Dans la majorité des cas, le besoin ou l’envie* de changer de métier est bien souvent généré soit par un impératif extérieur (chômage, licenciement, fermeture, secteur d’activité en berne, …) soit par un impératif intérieur (rêve, réalisation de soi, mal-être, ras le bol, burn-out, invalidité,…), soit les deux. Pour autant, ce signal perçu ne présage en rien de la manière dont sera géré le changement. Poussée par un désir de cohérence et d’alignement, la conduite du changement est, me semble-t-il, aussi guidée par les impacts que ce dernier a sur notre vie quotidienne et par l’effet final espéré.

En effet, changer de voie professionnelle induit des conséquences sur l’environnement, les comportements, les capacités, les valeurs et la philosophie de vie de tout un chacun qui se lance dans l’aventure. C’est pourquoi, il est, au fur et à mesure des étapes, indispensable de passer le nouveau projet professionnel aux filtres des domaines de vie personnel, du couple, de la famille, des amitiés et des relations sociales.

Dans cette perspective et de manière intuitive, je propose donc ci-après, une lecture personnelle sur le principe du modèle d’Hudson, de ce que pourrait être un choix de transition professionnelle.

* NB: fuir une situation difficile, changer pour faire plaisir, croire que l’herbe est plus verte ailleurs ou vouloir simplement être son propre patron, sont des motivations notoirement insuffisantes à elle seule pour vouloir changer de voie professionnelle.

2. De la reconversion professionnelle

Reconversion

Bien que le terme soit assez générique, la reconversion, un peu comme une conversion, consiste à faire le deuil de l’ancien monde, revenir vers soi pour s’y plonger, trouver d’autres motivation et construire son projet en passant par les phases 3 et 4. La personne dans son intériorité, est au cœur de la démarche, c’est par elle que le changement passe.

La reconversion professionnelle provoque des transformations de nature profonde qui entraînent par ricochet une modification radicale de l’environnement. Ce qui explique d'ailleurs que ce changement ne peut la plupart du temps,réussir sans l’intégration et l’adhésion inconditionnelle du 1er cercle à ce projet. Cette forme de transition s'inscrit comme un véritable changement de paradigme.

Compte tenu de ces éléments, le processus de changement apparaît plus long car il faut tout d’abord partir à la découverte de soi et identifier ce que l’on veut mettre en avant. C’est seulement après ce travail sur soi-même que vient la construction du projet avec ces contraintes inhérentes et en particulier celui de la formation où généralement, il faut repartir à zéro ou presque. Un investissement total (humain, financier, temps,..) où toutes les ressources disponibles sont employées, reste bien souvent indispensable pour se reformer, construire le projet, faire ses preuves et s’adapter à ce nouvel environnement qui induit également dans de nombreux cas, une mobilité géographique.

Enfin, la notion de risque est également omniprésente dans ce type de démarche car le parcours est inconnu. Il vous emmène de découvertes en découvertes et n’est pas balisé. Certes, le chemin est exaltant mais non dépourvu de pièges pour autant.

Exemple n°1 : Karim a quitté un job en or sur la Côte d’Azur pour monter sur des planches Lyonnaises faire rire le public. Une belle aventure, non?!

3. De la réorientation professionnelle

Réorientation professionnelle

Quant à prendre une nouvelle direction professionnelle, cela laisse entendre par contre, une forme de continuité dans la démarche justifiée par un besoin de réajustement des choses sans remise en cause fondamentale de la personne dans toutes ses dimensions. Le but étant de parvenir à faire ce que l’on aime. Notons que le terme est logiquement, largement employé pour les étudiants qui réadaptent leurs cursus selon leur besoin. Comme le modèle d’Hudson le propose, se réorienter consisterait à mener une mini-transition pour repartir le plus rapidement possible en phase 1.

Le processus de changement parait plus simple, plus sécurisé même s’il reste complexe car il reste principalement centré sur le domaine professionnel. Une motivation sincère est le moteur fort du changement qui s’accompagne d’un indispensable ajustement dans la priorisation des valeurs. Finalement sur le fond, la réorientation est vécue comme une opportunité d’enrichissement personnel, une affirmation de ce qu’on est, voire une restauration de sa vraie personnalité.

L’adaptation se conduit dès-lors avec plus d'aisance parce qu'elle est ressentie comme une évolution évidente. Par ailleurs, une réorientation n’est pas véritablement un nouveau départ vers un total inconnu. L’environnement est partiellement maitrisé puisqu’une partie non négligeable en est déjà bien connue. Seuls les savoirs, savoirs faire, savoirs être sont complétés au juste besoin. Le socle d’acquis précédent est réutilisable voire même compter comme une valeur ajouté. Ce qui se traduit bien souvent en termes de contraintes financières et de délai de transition par un engagement et des ressources généralement moindres et surtout plus facilement acceptables par le 1er cercle.

Se réorienter ne requiert que plus rarement de redémarrer au bas de l’échelle (salaires, statut,…). Certes, faire ses preuves est à nouveau inévitable, mais cette nécessité n’engage que la partie nouvelle pour confirmer une légitimité et une validation du choix réalisé. En outre, l’atteinte du niveau de croisière qui convient est rapide car les expériences passées sont utilement réemployées pour franchir les premières étapes. La notion de risque induite par le changement est là aussi mais le danger est mieux encadré, délimité.


Exemple n°2 : Parisienne, Marcella aime les mots depuis toujours, elle a ainsi construit son parcours professionnelle autour d’eux jusqu’à en faire son métier. Beau parcours, non ?!

4. De bien appréhender la transition professionnelle

De mon point de vue, en synthèse , la réorientation s’articule en fait, autour de l’envie et du choix d’une nouvelle orientation professionnelle, tandis qu’une reconversion s’appuie principalement sur l’affirmation de la personnalité qui entraîne par voie de conséquence, un nouveau choix professionnel. Mais c’est parce qu’il est plus large, plus englobant, que le terme de reconversion s’est généralisé et est aujourd’hui, employé partout pour parler de transition professionnelle.

Pourtant la réorientation professionnelle est dans la majorité des cas, une solution globalement plus aisée, accessible, et bien souvent suffisante. Elle est très insuffisante si on a mal évalué le besoin fondamental qui motive la démarche de changement. A l’inverse, le « qui peut le plus, peut le moins » n’est pas plus adapté. Une déception supplémentaire pourrait s’avérer catastrophique et le retour en arrière difficile.

Néanmoins, quelle que soit la voie du changement choisie pour trouver le métier et l’emploi ad hoc, la règle des 4 P (Plaisir, Partage, Progrès, Profit) s’avère un auto-test infaillible et utilisable à tout moment pour garder le bon cap pour réussir. A savoir : Prendre du Plaisir à conduire le changement avec enthousiasme ! Parler du projet professionnel, le Partager, se montrer convaincu et convaincant. Le construire de manière à ce qu’il profite à tous ! Et vivre chaque découverte, chaque apprentissage comme un Progrès!

Belle transition professionnelle à vous!

Vincent


Exemple n° : Karim en spectacle au Point-Virgule depuis le 4 janvier !

Exemple n°2 : Marcella : un album de chanson et une BD à venir !

La lecture de cet article vous a-t-elle été utile pour mieux appréhender ce sujet ?
Quel type de transition professionnelle envisageriez-vous de mener si le besoin s’en faisait ressentir?

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