“Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.” Arthur Conan Doyle

Cette maxime littéraire empruntée à Sir Arthur Conan Doyle vient étayer à merveille le propos de ce nouvel épisode au sein des crises et transitions de vie.

Car au-delà de ce qui semble impossible, il y a le possible !

La semaine dernière, nous avons vu comment, à la trentaine, les concessions et renoncements de la vie de jeune adulte ont sacrifiés ses rêves et aspirations sur l’autel des responsabilités et contraintes des exigences sociales, familiales et professionnelles.

La vie s’est organisée, construite, agencée à encastrement autour de l’image sociale, synonyme de reconnaissance.

Une décennie plus tard, coincé dans une cadence rythmée au métronome, phagocyté dans le fil invisible des contraintes et de l’hyperactivité, on a rempli le temps extérieur oubliant le temps intérieur. Toujours en mouvement, la quarantaine confronte à une angoisse nouvelle émanant du FAIRE : la panique du vide, du moment d’inactivité, du temps dit mort ou perdu, "on n'a jamais le temps", symptomatique du langage du FAIRE et de l’AVOIR !

Le FAIRE s’est érigé comme anxiolytique contemporain, antidépresseur « écran » contre l’ennui, la peur de l’inaction, de la connexion à soi. Sans texto, chat ou socials en tout genre, absorbé dans une myriades d’activités journalières et de contraintes débordantes, on se plaint du manque de temps tout en continuant à le remplir d’activités qui se superposent. On pense maitriser le temps ! On est piégé dans une spirale temporelle infernale.

Il faut continuer à faire face, toujours avec efficacité et dans le bon timing. Réprimés, refoulées, ignorées, reléguées dans les oubliettes du donjon des « pour plus tard, un jour, quand... », les désirs se sont enkysté, jour après jour, comprimés par le besoin de plus d’argent, plus de moyens, plus de biens !

Soumis à la dictature du rendement et de la performance sur tous les plans (famille, travail, relations, loisirs), la pression s’est installée, telle une nouvelle habitude. Les loisirs sont détournés de leur fonction première de divertissement et deviennent un exutoire au stress, un moyen de se défouler pour ne pas craquer.

Victime involontaire de soi, on s’inflige une forme d’auto-maltraitance, sans parler de celles dont on peut affliger les autres par ras-le-bol ou perte de contrôle.

C’est le syndrome de la grenouille bouillie !

Cette thèse qui met en évidence qu’une grenouille plongée soudainement dans une eau bouillante saute de toutes ses pattes pour fuir la brûlure. Mais lorsque le batracien infortuné est plongé dans de l’eau froide chauffée progressivement jusqu’à une température élevée, la grenouille cuit…sans s’en apercevoir !

Dixit l’expression "mourir à petit feu " !

2ème crise de l’existence humaine : la crise de la 40ène !

1.Crise de la quarantaine : le langage du contresens

Dans la période de la quarantaine, une dualité s’est installée dont les prémices remontent dans le temps du parcours de vie effectué!

A la quarantaine, le DEVOIR-FAIRE prend le pas sur le FAIRE et le VOULOIR-FAIRE, inhibant parfois toute forme de spontanéité, de créativité et d’enthousiasme, ayant pu engendrer une adhésion inconscience à une forme de clonage intellectuel, à des schémas sociaux politiquement corrects et sécurisants! Etre dans norme comme tranquillisant social !

On est alors pris en otage dans un système de conduites et comportements socialement convenables, piégé dans nos propres habitudes sécurisantes qui aujourd’hui étreignent comme un étau écrasant.

Les jugements et critiques que nous posons sur nous-même, sur les autres et sur le monde ressemblent parfois à des clichés de pub et alimentent des préjugés qui nous éloignent de notre intériorité et de nos véritables aspirations.

A la quarantaine, on prend conscience de l’intériorisation d’un double langage piégeant : en apparence et de surface, nous sommes libres de nos choix, de suivre nos envies, à notre guise, de penser selon nos valeurs ou nos idéaux, de consommer selon nos envies.

Pourtant, force est de constater qu’il existe un MAIS : Oui chacun fait ce qu’il veut, mais… !

Les comportements socialement acceptables sont codifiés, (ce qui se fait ou ne se fait pas !) ancrés dans nos têtes. C’est le stéréotype ! Sur tout et partout, il devient dictat, croyance qui structure nos comportements, notre quotidien, nos relations ! Bien malgré nous!

Notre langage interne et externe est articulé autour du « oui mais ! », pensée binaire du "bon, mauvais", qui conditionnent nos choix et sécurisent notre image sociale.

Quelques exemples ? Petit test ! Accrochez-vous !

  • Un homme peut-il se maquiller, aimer le point de crochet, être « sage-femme », porter une jupe ?
  • Une femme peut être pilote de Formule 1, grutier, ne pas désirer d’enfant, avoir les seins nus sur une plage après 50 ans (sauf dans les tabloïds), aimer la mécanique?

Quelles sont vos réponses ? Que ressentez-vous à la lecture de ces quelques propositions?

En surface, tout semble accessible aujourd’hui …à chacun ses libertés. Pourtant, il y a toujours un mais sous-jacent et insidieux, qui entrave bien des désirs : celui de changer de vie, de poste, de métier, de quartier, de style, …

Combien de fois, vous êtes-vous empêché de faire, de dire, de désirer quelque chose parce que…"Ça ne se fait pas! Que va-t’on penser de moi ?"

Le consensus social rassure et vouloir sortir des ornières toutes tracés fait peur.

La crise de la quarantaine est une crise identitaire. Elle fissure cette identité formatée que l’on s'est construit, conforme aux attentes d’un modèle de vie qui ne fait plus sens.

Qui sommes-nous vraiment en deçà de ce flux d’habitudes automatiques par souci d'appartenance aux normes sociales ?

Ou en sommes-nous de ce qui a du sens pour soi, qui enthousiasme, motive, donne envie d’être le meilleur de Soi ?

La crise de la quarantaine, c’est une crise de sens (le but) et de direction (le chemin)!

  • Est-on à la bonne place ?
  • Est-on épanouie dans sa vie, son travail, son couple?
  • Pourquoi fait-on ce job?
  • Qu’a-t ’on réalisé jusqu’à ce jour ?
  • Qu’est-ce que l’on n’a pas fait et qui est important pour soi ?
  • Qu’est-ce qu’on a laissé de côté, oublié, zappé ?

2. Mini guide de survie pour quarantenaires en crise

« Mieux vaut allumer une chandelle que de maudire l’obscurité »- Proverbe chinois

Crise de la quarantaine : victime ou créateur?

Tant redoutée, cette fameuse crise est pourtant un moment crucial pour re-prendre les rênes de sa vie en main.

Pour ce faire, une stratégie de changement s’impose. Hors, l’humain a peur du changement ! L’inconnu angoisse.

On préfère le long fleuve tranquille des habitudes aux eaux rugissantes du changement !

Pourtant, le changement est constant autour de soi, et dans la société contemporaine. A corps défendant, on tente de s’y adapter le moins douloureusement possible, faisant bonne figure aux mutations ultra rapides qu’imposent les évolutions technologiques, environnementales et économiques.

En plein Tsunami existentiel, on se sent inadapté, angoissé, irrité, déboussolé. Tout s’effrite dans notre vie ! On se raccrocherait au radeau de la Méduse s’il passait à porter de notre naufrage !

Pourtant, la crise de la quarantaine offre l’opportunité de faire un bilan, d’écouter les signaux d’alerte du déséquilibre qui gouverne notre vie, et d’entreprendre les changements nécessaires.

La crise de la quarantaine est une crise du déséquilibre de nos besoins, de nos aspirations et des désirs trop longtemps niés.

Un outil simple peut vous y aider : la Balance de la Justesse !

  • Cas n°1 : le plateau des avantages de la balance de la justesse de votre équilibre de vie pèse plus lourd que celui des inconvénients : aucun changement ne sera envisagé. Vous continuerez à repousser les limites de ce qui est inacceptable tout en restant dans votre zone de souffrance supportable!

Exemple : - supporter un responsable hiérarchique toxique qui empoisonne vos journées parce que votre job est bien rémunéré !

- Rester dans un emploi qui ne vous intéresse pas du tout mais qui vous offre des horaires avantageux

  • Cas n°2 ; les 2 plateaux de la balance sont en équilibre, le changement n’est pas encore mûr mais peut être envisagé car l’équilibre entre les « gains » et les « pertes » dans la situation actuelle sont de poids équivalent. Il peut basculer à tout moment.

Exemple : - L’agencement des horaires flexibles disparait ; l’emploi ennuyeux occupé devient purement déprimant.

  • Cas N° 3 : le plateau de la balance penche du côté des inconvénients, le déséquilibre entre facteurs de satisfactions et d’insatisfactions devient incommensurable: c’est la crise!

Exemple : - Une promotion ou une augmentation de salaire refusée rend un travail ennuyeux jusque-là acceptable insupportable.

3.Sortir de la crise de la quarantaine : de l’identité vers le sens

« Il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas» Alfred Capus

La crise de la quarantaine, c’est celle du sens et de l’identité perdue ou floutée ! On est à l’apogée de sa vie professionnelle. On a atteint un certain équilibre financier, construit une carrière, une famille, des conditions matérielles.

Les 1ers signes de fatigue physique et psychique apparaissent de plus en plus tenaces. Une lassitude sous-jacente aux activités quotidiennes s’installe qui rend les journées plus pesantes que du plomb.

Le No man’s land de la crise de la quarantaine, est une épopée au cœur même de notre identité profonde. Celle qui tente de se faire entendre dans le chaos.

Coupé depuis longtemps de son intuition, de ses besoins, du bon sens, de ce qui construit toute spécificité individuelle et différence, on s’est déconnecté de soi-même, de ses ressources internes.

N’osant pas ETRE soi, on s’est condamné à être un Autre ! Mais qui ? Comment peut-on vivre chaque jour de sa vie, la vie de quelqu’un qui n’est pas vraiment soi-même ?

Agissons en alchimiste, transformons le plomb du poids de la crise de la quarantaine en or du renouveau !

Métamorphosons notre mal de vivre que fait surgir cette crise, en allié qui met en garde contre les voies de garage que nous avons entrepris depuis longtemps. Ecoutons les frustrations et renoncements que nous nous sommes infligés jusqu’à ce moment fatidique ou tout explose (ou impose !)

Donnons-nous le temps et l’attention nécessaire pour faire un bilan, un check-up de nos habitudes toxiques, de nos non choix, de nos relations, de nos attentes de la vie et des autres.

Quelques pistes pour transformer cette période en véritable opportunité de changement durable :

  1. Ecouter vos colères, elles vous parlent de vos besoins refoulés, ignorés au risque de les transformer en angoisses !
  1. Autorisez-vous le bien-être selon vous-même !
  2. Cessez de faire la guerre à vos présumés, soi-disants défauts, manquements ou faiblesses !
  3. Ecouter les symptômes du dérèglement intérieur qui est en cours!
  4. Cessez de vous sacrifier sur l’autel de la performance, de la disponibilité contrainte, du besoin de plaire à tout prix!
  5. Occupez-vous de vos émotions, de vos besoins physiques, psychiques, émotionnels et relationnels.
  6. Oser ressentir votre vulnérabilité et acceptez-la !

Tout ce que l’on réprime, s’imprime en soi. Comme un papier buvard, le corps, les cellules absorbent les refoulements, les émotions non digérées, les dénies et les sédimentent en un amas de détritus internes nocifs, non recyclables qui vont intoxiquer l’organisme, le mental, la vie psychique et physique.

Sans possibilité d’évacuation, c’est tout le système Etre qui grippe. Avec les conséquences connues tels que la maladie, l’agressivité, l’angoisse, la dépression, les conduites à risque… !

4.7 étapes pour accompagner le changement à la quarantaine !

2 lettres de l’alphabet résument l’approche à adopter au cœur de la crise de la quarantaine :

comme POSSIBILITES.

Ouvrir le champ des possibles !

Quelles sont les voies possibles pour soi ? Quel changement, ajustements ou transformation de nos habitudes et routines quotidiennes sont envisageables, réalisables et écologiques sur le chemin de la construction d’une nouvelle « version » de soi, alignée avec nos valeurs, en cohérence avec nos aspirations?

L’identification, la connaissance, la compréhension, l'exploration et l’acceptation des ingrédients et caractéristiques spécifiques qui composent notre unicité, notre capacité à entrer en contact avec nos ressenti et émotions, s’en faire des alliées attentifs à notre équilibre constituent les 1eres dalles qui vont paver le chemin vers le changement nécessaire auquel on aspire et accompagner, en douceur, la transition propre à la crise de la quarantaine.

comme MAINTENANT.

Le changement c’est à compter de maintenant !

Combien de fois s’est-on dit durant les derniers mois voire années « je le ferai quand…les enfants seront grands, j’aurai plus de temps, d’argent, de choix, de soutien, de relation, à la retraite … » ! Pour constater que, malgré le changement des conditions extérieures tant attendues…rien de change !

Pourquoi ? Parce que le changement (désiré et non subi) est un acte volontaire, conscient. C’est un processus qui s’échelonne sur la durée, un cheminement intérieur qui pose des actions concrètes, partant d’un point initial (la situation vécue) à un point désiré (la situation souhaitée).

Il ne suffit donc pas de suivre une technique pré-confectionnée ou une méthode clé en main ! Un accompagnement est souvent nécessaire, pour prendre conscience de ses auto-sabotages, de ses croyances et freins internes, pour développer sa capacité d’autoréalisation.

Transformer le temps en un allié solide car tout changement est un processus qui demande de la constance, une certaine discipline personnelle pour concrétiser de nouvelles « habitudes » de vie, positives, une forte motivation et un zeste de courage!

Voici 7 étapes qui accompagnent la sortie de crise vers le changement:

  1. Revois ses priorités
  2. Risquer de perdre, savoir renoncer (mais pas à tout et n’importe quoi !)
  3. Sortir des sillons tous tracés qui enlisent dans des bourbiers d’habitudes
  4. Apprendre à choisir et à décider
  5. S’autoriser à réussir
  6. Ne pas baisser les bras devant la difficulté, persévérer, aller au-delà
  7. Arrêter de se laisser définir par les autres et le contexte environnant.

Oser s’ouvrir à l’inconnu, sortir de la zone de confort des habitudes sécurisantes mais inhibitrices même si suffisamment supportables pour nous avoir figés des années durant.

Ouvrir les yeux et l’esprit à la nouveauté, celle qui interpelle la curiosité du cœur, suscite l’enthousiasme, éveille de la joie de vivre et de la légèreté.

La capacité créatrice ne nait pas du connu, de la rationalité ou du raisonnement logique. Encore moins de schémas établis, de normes de comportements ou de codes de pensées. Elle émane d’une aventure intérieure en terre inconnue, dans cet espace de liberté que l’on s’octroie et auquel le No Man’s land où la crise de la quarantaine nous a précipité, permet d’accéder.

Devenir acteur de son parcours et non plus mené à l’aveugle par des forces invisibles qui conditionnent choix, décisions et actions !

Cesser de vivre par procuration dans l’attente d’un avenir meilleur qui répondrait par enchantement à nos aspirations et à nos besoins véritables!

Développer une conscience de crise, cette forme d’attention vigilance proactive et bienveillante envers soi-même!

Pour le Bien, le Beau et le Bon qui ne demandent qu’à s’exprimer en vous…!

La semaine prochaine sur ce blog, l’aventure à la découverte des crises de vie continuera voguant vers la crise du milieu de vie ou la crise de la cinquantaine, cette nouvelle quarantaine !

Vous entrerez dans un nouvel espace-temps qui se dilate et vous découvrirez comment aborder un autre cap difficile, tout en légèreté!

D’ici là, je reste à votre écoute pour tous vos témoignages ou vos commentaires sur ce blog !

Myriam Diougoan Blanch, votre coach cap-Coherence