La semaine dernière, dans mon précédent article, vous avez pu découvrir ce que les crises de vie personnelles et professionnelles ont à enseigner lorsqu’elles frappent le quotidien. Apparemment à l’improviste (mais il n’en est rien, ne nous en déplaise !), elles sont le point culminant de l’accumulation d’habitudes novices pour soi, de croyances limitantes et auto-sabotantes ayant pour effet de nous maintenir dans le statut quo de la réalisation de nos rêves, zone de confort pourtant bien incommode (dixit la crise !).

La crise de la trentaine bouscule le grumeau des certitudes de l’entrée dans le monde des responsabilités adultes et de l’indépendance, et balaye d’un vent violent les convictions erronées sur lesquelles se sont construits les projets de vie.

La crise de vie est une machinerie bien huilée, phénomène naturel symptôme d’un grand déséquilibre.

Rappelons les 5 ingrédients prémices d’une crise de vie:

  1. FAIRE, FAIRE, FAIRE! Au détriment de l’être!
  2. Se jauger à l’aune du regard de l’Autre !
  3. Ne pas oser dire NON quand nécessaire !
  4. Préférer l’approbation à accepter sa différence !
  5. Oublier de s’écouter !

Pourtant, la crise est une fabuleuse opportunité: celle de comprendre ce qui freine, entrave et grippe les rouages à encastrement de nos journées, reléguant aux oubliettes nos aspirations profondes.

Nous ne sommes pas la même personne à 30, 40, 50 ou 60 ans ! Chaque décade connait ses affres de doutes et d’ambiguïtés qui sont autant de prétextes à l’émergence d’une crise.

Comprendre le mécanisme, les enjeux, les bouleversements intérieurs qui se cachent derrière l’explosion d’une crise et qui caractérisent ce cataclysme personnel et professionnel devient essentiel pour mieux la vivre.

Au fil du temps, souvent, on s’est laissé influencer, porté par des croyances, des inerties, des décisions aléatoires sur le conseil, la recommandation, l’orientation personnelle et professionnelle d’un parent, d’un professeur, d'un ami.

A la trentaine, un 1er questionnement profond apparait :

  • Suivons-nous les desseins tracés par d’autres ou avons suivi nos aspirations ?
  • Faisons-nous ce qui nous intéresse vraiment ?

On trace un 1er bilan de ses réussites, de ses réalisations, de ses 1ers échecs! 1er doutes sur les études suivies, sur l’emploi vers lequel on s’est orienté, sur les raisons de ces choix (par contraintes, par dépit ou par stratégie - un métier porteur d’image sociale, d’attentes parentales ou de débouchés).

1ère crise de vie !

Fini la phase durant laquelle l’entourage pardonne les erreurs, les légèretés, les revirements de direction ! (Jusqu’alors, ne fallait-il pas que jeunesse ne passe ?)

Terminé aussi l’indulgence du regard de la société considérant que l’on est encore en recherche de ce que l’on voudrait faire « plus tard » !

L’époque bénie des incertitudes consenties est bien révolue ! On entre de plein pied dans l’âge de raison !

La crise de 30ène, c’est la 1ère crise de l’âge adulte ! Celui des responsabilités, de la construction d’une carrière, d’un foyer, d’un statut social, des conditions matérielles d’une vie considérée comme bien remplie et bien réussie !

C’est la phase de la réalisation extérieure, de la construction sociale, familiale, de la recherche de reconnaissance des tiers, parfois accompagnée d’un sentiment d’invulnérabilité ! D’autant plus fort que le contrecoup de la crise en sera intense !

L’Avoir et le Faire priment sur l’Etre qui est machinalement remisé au second plan. Durant cette période on se compare beaucoup à ses pairs du même âge. On s’autoévalue sur l’échelle de leur réussite et de leurs échecs par rapport aux nôtres. Cette confrontation, synonyme d’auto-dévalorisation de ses propres résultats est propice à l’émergence des premiers symptômes de crise !

Une certaine fragilité s’installe, la peur de ne pas y arriver, de n’avoir pas pris le bon chemin, de se sentir déjà emprisonné dans de trop multiples exhortations sociales.

Avec nostalgie, on regarde en arrière dans le rétroviseur de l’adolescence révolue et de son insouciante inconséquence lorsque tous les possibles de nos aspirations se dessinaient encore à l’horizon.

La crise de la 30ène, c’est la transition de la construction du Faire et de l’Avoir, symbole de l’édifice de l’image sociale.

Quels symptômes révèlent cette crise de la 30ène ?

1. A chaque âge, sa crise : 10 ingrédients de la crise de la trentaine

Décade toute en contraste, la trentaine c’est la période des grandes décisions, l’heure du choix des grandes orientations de vie qui vont conditionner le déroulement des prochaines années, la période de l’émancipation financière des parents, de la construction d’un nouveau noyau familial que l’on choisit, de l'acquisition d'un nouveau statut dans la société, au regard des autres et de soi.

C’est la phase d’entrée dans le monde dit « actif », de l’insertion dans l’environnement des contraintes et attentes du marché du travail.

On devient RESPONSABLE !

On devient un actif autonome qui désire se faire sa place dans le monde. Sollicité sur tous les fronts (professionnel, personnel, relationnel, familial), on se sent plein d’énergie, d’envie de construire un parcours profesionnel solide et fructueux. On veut réussir dans la sphère sociale, se sentir reconnu (par ses supérieurs hiérarchiques, collègues, mentors, amis, professeurs, parents), appartenant à un statut établi au regard la société (appartenance au groupe et conventions sociales) et en même temps, on désire développer son individualité, sa créativité, apporter sa touche personnelle, être considéré pour la personne que l’on est. 1er paradoxe!

La crise de la 30ène, c’est la crise de la dualité, des contradictions !

Entre insouciance et responsabilité, on cherche sa place, son rôle. On se lance dans la vie adulte et son cortège d’obligations, de devoirs et de décisions à fort impact pour la suite sur le long terme! Et sans aucun rite de passage pour comprendre le mode d’emploi de la vie !

Les poids importants qui plombent les épaules du trentenaire peuvent générer une sensation d’oppression, d’étouffement, de se sentir écraser par le nombre des nouvelles responsabilités à gérer et qui impliquent d’autres que soi sur la durée.

Les 10 principaux ingrédients de la crise de la trentaine 2.0 sont ceux du paradoxe :

  1. Utra formé mais pas bien payé !
  2. De longues études coûteuses mais un emploi précaire!
  3. Pas assez d’expérience pour un poste mieux payé mais trop vieux pour être embauché sur certains postes!
  4. 1er contrat en CDI mais 1ères préoccupations à boucler les fins de mois!
  5. Augmentation du pouvoir d’achat mais difficulté à gérer un budget!
  6. Accès à un statut social identifié mais 1er poids des responsabilités familiales et professionnelles!
  7. 1er désir d’achat immobilier mais pas d’accès suffisant au crédit!
  8. Envie de fonder un couple, une famille mais on zappe les partenaires comme les programmes de TV!
  9. 1er enfant et 1ers réflexions sur le futur, le mariage, pacs ou autre mais envie de fuir en Nouvelle Zélande!
  10. Des aspirations professionnelles en contradiction avec le choc du monde réel de l’entreprise.

7 symptômes révélateurs de l’émergence de la crise de la trentaine :

  • Un manque d’intérêt pour les faits du quotidien en famille, incluant conjoint et enfants.
  • La communication est réduite à quelques borborygmes indigènes !
  • On réagit avec impulsivité, on décide par contradiction ou désistement.
  • On modifie son look, ses loisirs.
  • On commence à prendre ou à augmenter sa consommation de psychotropes et substances toxiques (café, alcool, drogues, excitants, cigarette), à mal se nourrir.
  • On vit des attaques de frénésies dépensières avec ou sans culpabilité qui peuvent affecter le budget familial.
  • Troubles du sommeil, de la concentration, de la mémoire, du désir, de l’anxiété (avec risque de dépression) et autres réjouissances se manifestent.

Combien de temps dure la crise de la trentaine? Cela dépend de chacun et de la manière dont on aborde cette phase de sa vie, de sa préparation, de la connaissance de ces enjeux et des mécanismes sous-jacents.

2. La transition de la crise de la trentaine : 3 ingrédients clés pour l'amorcer

Alors que peut-on faire pour surmonter la crise de la trentaine ?

3 pas, 3 mouvements !

  • 1er pas : identifier la crise le plus clairement possible. Et ne pas chercher à la combattre. Plus on lutte, plus elle se renforce.
  • 2ème pas : détourner l’attention vigilante de nos Cerberes intérieurs (croyances limitantes et habitudes néfastes)
  • 3ème pas : préparer une stratégie de changement (celle qui accompagnera la transition de cette crise pour aller vers le changement souhaité)

Une stratégie de changement est donc nécessaire?

Oui et voici quelques pistes de questions à se poser pour faire le point sur sa situation :

  • Quels événements ont conduits à des changements au cours de l’année écoulée ?
  • Quel sont les aspects de notre vie où ses changements sont évidents ?
  • Suis-je conscient de mes besoins insatisfaits ?
  • Suis-je conscient de l’état de déséquilibre de ma vie ?
  • Suis-je conscient des enjeux qui vivent en moi en ce moment ?
  • Ai-je la sensation de vivre ma vie par procuration ?

Tout est là!

Ce sent-on acteur de son parcours ou mené à l’aveugle comme par des forces invisibles qui conditionnent nos choix, nos décisions et nos actions ?

3.La transition de la trentaine : de la dépendance vers l'indépendance

Le point de départ de chaque crise de vie est une rupture dans notre zone de confort, (espace sécuritaire intérieur et extérieur constellé d’habitudes rassurantes) dans laquelle on s’est installé au fil des ans et dont le but est d’apaiser les tourments impondérables que suscitent les évènements du flux de la vie, de se protéger de l’apparition d’aléas déstabilisants,

La routine, constituée d’habitudes souvent nocives, bunker pseudo protecteur contre toute surprise et imprévu devient un auto-enclavement profond et à la longue une prison dorée.

15 étapes pour sortir de la crise de la trentaine et amorcer la transition :

  1. Se remémorer la période d’insouciance pré-crise, durant laquelle les aspirations, les idéaux et envie de refaire le monde alimentaient des discussions entre amis autrefois, jusque tard dans la nuit.
  2. Prendre conscience de ses automatismes présents, de ses habitudes « enclavantes ».
  3. Ecouter le questionnement, les remises en questions, les doutes qui assaillent.
  4. Entendre les besoins profonds qui s’expriment à travers le questionnement et les doutes.
  5. Identifier clairement les habitudes et automatismes néfastes qui organisent et conditionnent le quotidien.
  6. Identifier à quels besoins sous-jacents ceux-ci répondent.
  7. Identifier les bénéfices directs et secondaires que ces habitudes apportent.
  8. Identifier ses aspirations, ce qui fait sens, qui fait vibrer, enthousiasmer, se sentir léger.
  9. Visualiser le changement que l’on voudrait voir se réaliser dans sa vie.
  10. Mettre en place une stratégie de changement des habitudes nocives.
  11. Identifier un plan d’action concret et réalisable.
  12. Agir en substituant les habitudes nocives par des habitudes constructives pour soi afin d'enclencher le changement désiré et…
  13. Répéter, répéter, répéter les nouvelles habitudes jusqu’à ce que les vieilles soient complètement oubliées.
  14. Evaluer ses progrès et ses moments de défaillances.
  15. Se faire accompagner par un coach car vous l’aurez compris, traverser la crise de la trentaine en surfant avec panache sur sa vague de fond, c’est possible mais en se faisant aider c’est beaucoup plus facile !

Une crise de vie est un cap difficile à passer, la transition de vie une période de doutes et de préparation, et le changement un processus exigent dont le but final est de devenir la meilleure version de soi, de rendre son ordinaire extraordinaire !

Vers un Cap en Cohérence!

La semaine prochain sur ce blog, vous retrouver la suite de notre odyssée au cœur des crises de vie en découvrant cette fois les 7 étapes qui permettent de bien vivre la crise de la quarantaine !

D’ici là et si cet article vous a fait réagir, qu’il vous a apporté un éclairage sur la crise de la trentaine ou que vous pensez que ces quelques lignes pourraient faire du bien à quelqu’un dans votre entourage, partagez-le.

Dans l’attente de lire vos commentaires, j’espère vous retrouver la semaine prochaine sur notre site Cap-Cohérence.

Myriam Diougoan Blanch, votre coach Cap-Coherence