"On arrive à La Cinquantaine,
moitié sage, moitié fou
Le cul assis entre deux chaises
à tenter d'en joindre les bouts"

Serge Reggiani, 1971

Encore une crise de vie ! L’existence semble constituée d’une succession infinie de crises à surmonter!

Tout comme en mer face aux vagues se dirigeant vers son bateau, devant la crise, on a 2 choix :

  1. battre en retraite le plus vite possible : braquer, résister, accélérer
  2. affronter la vague de plein fouet, en la regardant bien en face !

Qu’est ce qui fait la différence?

Notre capacité à anticiper les crises de la vie, qui est toute autre qu’un long fleuve tranquille, à s’y préparer pour apprendre à guider sa barque dans n’importe quelle tempête.

La cinquantaine est la crise du temps qui passe, celle de la nécessité de s’interroger sur le sens profond à donner à sa vie!

Cette période, propice à un total bouleversement intérieur et extérieur, peut faire voler en éclat la vie construite jusque là.

On se sent fragilisé. Tout se défait à nouveau : rôles, statut social, certitudes, identité familiale, de couple et professionnelle, intérêts, goûts et désirs.

C’est l’occasion de se connecter à ses besoins essentiels.

Désir de redonner une raison d’être, à la fois plus intime et collective voire citoyenne, à son activité professionnelle, à ses actions quotidiennes. Envie de se sentir utile, besoin de trouver un sens à ce que l’on vit, aux relations que l’on tisse.

C’est le temps des prises de conscience durable !

La crise de la cinquantaine est celle de la nécessité d’instaurer une vraie qualité du moment présent, de trouver un nouvel équilibre entre Soi et le monde, de faire des choix conscients et volontaires, de réfléchir sur la contribution que l’on veut apporter à son environnent .

A’ la 50taine, la fameuse crise du milieu de vie, le bien nommé démon de midi frappe à la porte en chuchotant « c’est maintenant ou jamais ». Voilà pourquoi, on la nomme aussi crise de la dernière chance !

Véritable raz-de marée de remise en question sur soi, sur son rôle dans la vie, on entre dans la case senior des formulaires administratifs !

Considéré ni assez jeune pour l’employabilité, ni assez flexible pour évoluer professionnellement, hors-piste des clichés de séduction imposée par les codes sociétaux, pas assez vieux pour une pré-retraite, pas assez jeune pour une promotion ou être formé en entreprise…Bref !

Mi-figue mi-raisin, on est balloté, en dedans et en dehors entre l’avant et l’après, le passé et le futur, ce que l’on était, ce que l’on est censé être et ce que devrait devenir !

Les décideurs d’entreprises intègrent à peine (sauf contraintes légales) la gestion des âges dans leur politique de recrutement et l’accès à la formation est le Fort Boyard des Over 45 !

Pourtant de nombreux quinqua épanouis contredisent cette réalité bien que l’image du cinquantenaire n’en demeure pas moins figée dans des préjugés monolithiques.

La crise de la cinquantaine est pourtant une formidable opportunité de rectifier sa trajectoire, de s’autoriser à changer de cap, à redresser la barre de ses aspirations vers plus d’authenticité, à se réinventer une vie pleine de sens, en cohérence avec ses valeurs.

1.A 50 ANS : LACHER L’EGO !

« Mon seul regret dans la vie est de ne pas être quelqu’un d’autre » Woody Allen

La crise de cinquantaine, c’est la crise contemporaine de l’égo en berne !

Ah l’égo ! Bouclier flamboyant et sophistiqué de nos peurs les plus profondes et de nos failles cachées à nos propres yeux et aux yeux des autres !

L’égo, représentant multicartes de ce que l’on croit être, façonné par le regard de l'Autre en effet miroir de Soi, est source de bien des tourments !

La cinquantaine révèle une souffrance narcissique. Les pelures d’oignon d’égo s’effritent. Le corps aspiré par la gravité, échappe à tout contrôle malgré les exténuantes heures en salle de gym à coup de poids et de sueur ou les envoutants miroirs aux alouettes d’une éternelle jeunesse que la chirurgie esthétique et autres cabines de jouvence ultra-technologiques à l’instar de la cryothérapie, subliment... à la barbe de Dorian Gray !

Il y a un certain hic dans cette construction arbitraire son identité: le poète Giovenale le mettait déjà en scène dans la Rome Antique dans ses satyres avec son légendaire Mens Sana in Corpore Sano ! (Un esprit sain dans un corps sain)

Qu’a-t-on fait de cet esprit, cet hôte de notre corps prisonnier dans la course à obstacles contre la montre du temps, perdue d’avance ?

  • 1er constat : la crise de la cinquantaine est la crise ultime de l’égo qui commande !
  • On tente de résister avec force et obstination au temps qui passe, en prenant des décisions impulsives, inappropriées, voire dangereuses pour se donner l'illusion de retenir le temps:

    • tromper son/sa partenaire
    • démissionner sur un coup de tête
    • acheter un bolide à 2 roues ou une voiture de sport
    • chercher la légèreté dans des soirées bien arrosées
    • dépenser en vêtements, en objets
    • consommer des substances planantes pour surmonter l’angoisse
    • pratiquer des activités sportives intenses pour se sentir vivant
    • devenir addict à la chirurgie esthétique, symbole d’une apparence toujours jeune et dynamique.
  • 2ème constat : la cinquantaine est la crise de la peur de perdre !
  • L’humain a horreur du changement en général. Voilà pourquoi nos vies sont peuplées de routines, d’habitudes plus ou moins toxiques et fonctionnelles au remplissage de ce temps qui nous est imparti, et auxquelles on se cramponne comme le lierre à un tronc!

    La légende de Tarzan est inspirante en ce sens!

    Suspendu dans les airs, se balançant accroché à une liane, imaginez que Tarzan décide de ne pas lâcher la liane qu’il a entre les mains, pour saisir la suivante. Comment ferait-il pour avancer sinueusement au-dessus du vide ? Croyez-vous il serait devenu la légende de l’homme-singe volant de liane en liane ?

    Apprenons à quitter, à lâcher-prise, à renoncer à une habitude qui a été utile, agréable, nécessaire un temps, mais qui est aujourd’hui obsolète, dépassée, nefaste, pour pouvoir avancer vers autre chose !

    2.LACHER SES ORNIERES DE PREJUGES !

    « Quarante ans, c’est la vieillesse de la jeunesse » Victor Hugo

    Par la beauté et l’ampleur du sens que la prose de Victor Hugo nous impose en douceur, elle incite également à changer de point de vue sur l’avancée de l’âge.

    Pourquoi ne pas concevoir la cinquantaine comme le commencement d’une nouvelle aventure, un nouveau terrain de jeux à expérimenter ?

    Croyons-nous que seuls les poètes, les artistes, les grands rêveurs et Pierrots de tout temps ont eu la faculté de transformer en poésie la funeste réalité ordinaire de la condition humaine ?

    Halte aux préjugés sur l’âge, cessons de créditer les clichés, les tabous et interdits sournois concernant la cinquantaine, en:

    • Déverrouillant les comportements routiniers et automatismes qui se perpetuent dans sa propre vie pour se désembourber de ses ornières.
    • Expérimentant de nouvelles actions et attitudes pour tracer des chemins innovants à entreprendre et sortir des croyances qui limitent et encombrent.
    • Choisissant de changer : évaluer sa balance de la justesse de l’équilibre des bénéfices et des inconvénients de sa situation de vie.

    Et poser des actes concrèts dans les domaines de votre vie qui ne satisfont pas : alimentation, travail, relation, centres d’intérêts, loisirs, pays, partenaire, …

    3.AFFRONTER SES PEURS !

    « La vie est une maladie mortelle que nous transmettent nos parents » Woody Allen

    Le point de départ d’une crise de vie est souvent la rupture d’une routine de situation :

    - d’un côté la zone de confort sécuritaire dans laquelle on s’est installé au fil des ans, perturbée par un évènement extérieur (deuil, perte d’emploi ou licenciement, fusion/acquisition d’entreprise avec changement de poste, devenir papi ou mammi, une promotion attendue donnée à un plus jeune, un divorce, une prise de temps, une fatigue récurrente, une dépression, un burnout…).

    - de l'autre, ces évènements qui font emerger des peurs sous l’emprise desquels on se met en mode survie. On se sent en danger réel ou potentiel et l'on se sent subjectivement comme menacé dans son intégrité physique et psychique.

    La crise de la cinquantaine, c’est la période d’une dramatique prise de conscience, sous la patine lumineuse des néons de salle de chirurgie esthétique, que la vieillesse n’est pas une fable de la Fontaine, que le déclin de l’existence n’est pas un leurre.

    A l’aube de la sénescence, un seul mot d’ordre : interdit de vieillir !

    Adieu jeunesse, bonjour jeunisme !

    Comment ne pas en avoir peur !

    L’image de Soi se ternie à l’aune du jugement sévère que l’on s’inflige seul et à travers les attitudes, les idéaux et stéréotypes véhiculés par les autres et l’environnement social sur l’âge.

    Alors, à la cinquantaine, lorsque le miroir trahit les effets de la gravité et l’indolence de la routine sur le corps, que le monde du travail considère comme un poids économique et social les seniors (de 45 ans et plus), comment ne pas avoir peur de cette transition de la vie qui annonce en fanfare que les jeunes années se font la belle avec nos illusions ?

    Plusieurs types de peurs génèrent cet état d’angoisse et d’appréhension de la cinquantaine :

    • Peurs Externes : réalistes ou irréalistes : du « qu’en-dira-t’on », de l’exclusion sociale, de la stigmatisation du « vieux », du changement de statut social, de perte de maitrise de son environnement, de perte d'emploi, de privilèges, de pouvoir de séduction, dépossédé de son apparence physique, d’être mis sur la touche, de devenir invisible au regard de l’Autre et de la société.
    • Peurs Internes : subjectives et relatives à l’histoire de chacun : peur de l’échec, du futur, de souffrir, d’être malade, de ne pas vivre ses rêves, d’abdiquer, de perdre ses capacités, d’être inutile, d’avoir raté sa vie, peur de mourir.

    Le changement en cours confronte à un grand inconnu, à la perte des repères et des références familiers, des paramètres habituels avec lesquels on savait composer pour aller de l'avant, à l’obsolescence des compétences sur lesquels on a construit son identité professionnelle.

    Une espèce de mélancolie peut s’installer. On risque le découragement qui peut se transformer en état dépressif.

    Alors comment amorcer la transition du cap de la cinquantaine ?

    En dépassant ses peurs !

    1.Prendre conscience de ses peurs : observer les comportements répétitifs, automatiques que l’on effectue chaque jour sans même y penser, y compris dans la satisfaction des besoins vitaux (boire, manger, dormir, se protéger du froid, marcher, se mettre au travail, s’endormir…)

    2.Décider de changer de comportement : se donner la permission de changer d’habitude tout en s’autorisant à accepter les conséquences de ce changement.

    3.Adopter la stratégie des petits pas : tester dans la réalité, l’épreuve du changement en posant des actes, au départ peu impliquant puis de plus en plus significatif pour soi, ce qui permettra de vérifier le non fondement des peurs et réflexes qui ont conditionnées depuis X années, sa vie.

    4.50 ANS ! DE LA CONTRIBUTION ET DE LA QUALITE

    « Le privilège d’une vie est d’être qui vous êtes !» Joseph Campbell

    Donner du sens à sa vie !

    Tous les philosophes, toutes obédiences confondues, au cours des siècles se sont interrogés sur cette question du sens de la vie qui résonne avec force au tournant de la cinquantaine.

    • Vit-on vraiment pour travailler d’arrache-pied pendant 35 ans ?
    • Pour assurer à ses enfants un tremplin leur permettant de décoller dans leur propre vie ?
    • Pour s’assurer une retraite dont on se sait pas si on pourra profiter ?
    • Pour payer des impôts ?
    • Pour assurer la relève généalogique ?
    • Pour consommer et stocker ?
    • Pour vivoter dans sa zone de confort en attendant le baiser de la providence ?
    • Pour dépenser l'argent gagné à lutter contre les effets du temps qui passe ?

    Au mi-temps de la vie, on a besoin de se sentir plus vivant, plus présent, plus authentique, plus ouvert au monde et aux autres. On cherche une qualité de vie en résonnance avec un nouveau bien-être individuel et collectif. On désire enjamber le pont du Paraitre vers la rive de l’Etre !

    Une certaine envie d’insouciance et de légèreté se manifestent, prendre la vie du bon côté.

    Comment transformer les rouages des habitudes mises en place durant années au profit d’une nouvelle sagesse de vie issue des apprentissages des expériences vécues, des illusions perdues, des faux semblants dont on s’est débarrassés ?

    3 choses sont importantes à éviter. :

    1. Le perfectionnisme par rapport à une norme (interne ou externe) à atteindre
    2. Le besoin d’être approuvé par les autres à tout prix
    3. Le surinvestissement de la sphère professionnelle

    La France est le pays Européens où le rapport au travail est le plus problématique car il est celui où l’on accorde le plus d’importance au travail et à la reconnaissance sociale par celui-ci (bien plus qu’en Allemagne ou dans les pays du Nord considérés comme performants).

    Ce qui rend tout un chacun dépendant au travail jusqu'à confondre son emploi avec son identité d'individu. Si la relation au travail se mofidifie, c'est le risque d'un effondrement psychique, de burnout ou de dépression.

    Le 1er changement à mettre en place est celui de l’acceptation :

    • Du temps qui passe
    • Des changements inéluctables
    • Des peurs qui nous habitent
    • De lâcher les routines (toxiques ou réconfortantes)
    • Du deuil des choses que l’on ne pourra pas réaliser ou être.

    Revisiter ses croyances, questionner ses jugements sur ce qui est important, déceler l’essentiel sous le superflu.

    Les paradigmes de vie sont en mutation à la cinquantaine. Et si l’énergie est entièrement tournée vers le passé, les frustrations, les manques et pertes, les regrets ou remords, on se fige en s'accrochant à ses croyances et habitudes !

    L’attention ne peut être portée sur 2 choses en même temps : soit elle s’accroche à ce que l’on ne veut pas perdre soit elle se concentre sur ce qu’elle peut gagner !

    Le 2ème changement est celui de l’écriture consciente du nouveau chapitre de sa vie à partir de maintenant. Pour cela il est essentiel :

    • d'identifier sa mission de vie, la contribution que l’on veut apporter au monde !
    • de développer l’intelligence de son ressenti,
    • d'orienter sa boussole intérieure vers ce qui fait sens pour soi.
    • de mettre son talent, ses valeurs, son unicité, sa passion, son enthousiasme, au service d’un projet, d’une cause qui va au-delà de Soi
    • de désencombrer sa vie des poids inutiles que l’on porte, sur les plans matériel, psychique, physique et relationnel.

    Et

    • Faire preuve de discernement
    • Cesser de se comparer à un idéal de perfection usité !
    • Revoir vos priorités
    • Revenir à l’essentiel !
    • Ne pas attendre pas d’être prêt, que la chance tombe du ciel!
    • Risquer le changement !
    • Oser se lancer !
    • Oser s'engager

    La crise de la cinquantaine est un étape délicate, souvent douloureux mais d’une grande richesse à condition de porter son attention sur les facteurs constructifs de cette période.

    Pour cela, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner, pour bien amorcer cette crise, pour ne pas perdre de temps inutile, coûteux en terme de souffrance psychique et de conséquences pour soi et pour ses proches.

    La semaine prochaine, j'aborderai une dernière crise de vie: la crise de la soixantaine. Vous découvrirez comment transformer chaque minute de vie en 60 secondes d’intensité… !

    D’ici là, laissez-moi vos commentaires. Ils apportent un éclairage sur vos expériences et me permettent de réponde à vos questionnement au travers de mes articles. Et si vous voulez être accompagné dans cette transition, contactez-nous.

    Myriam