J’ai eu envie de vous raconter mon parcours, en toute humilité, simplement pour partager mon expérience, les étapes que j’ai rencontrées tout au long de mon parcours et comment j’ai changé d’orientation professionnelle.

Point de départ

A l’origine, j’ai fait une formation dans l’électrotechnique. A 15/16 ans, alors que l’éducation Nationale nous demande de choisir notre voie, j’avoue que j’étais comme beaucoup d’adolescents … à des années lumières de ma vie professionnelle. La pression qu’on met sur les jeunes pour, très tôt, choisir un métier est démesurée face à l’enjeu. Bien sûr que celui qui trouve sa voie dès son plus jeune âge aura la chance d’exercer un métier qui lui plait, mais si c’était si simple, il n’y aurait pas autant de gens qui souffrent au travail.

A ce moment-là donc, mes parents me poussent à faire des études d’électrotechnique. J’arrive tant bien que mal à obtenir un diplôme, mais je suis loin de m’épanouir. En tout cas, la filière choisie par mes parents, à l’époque, permettait de s’insérer dans le monde du travail. C’est donc par ce biais-là que j’ai démarré mon parcours professionnel.

La première étape se déroule donc pour moi en tant que responsable d’un centre de reprographie (photocopies, reliures, thèses, mémoires, copies couleurs, affiches, etc.) dans une entreprise où je suis embauché pour ma formation technique. En effet, mon rôle consistait à la fois à gérer le centre, mais aussi d’assurer la maintenance préventive et curative des photocopieurs. 8 ans dans cette structure m’ont permis de découvrir le management … une catastrophe au départ !!! C’est par cette petite galère que je me suis intéressé de plus près à la communication interpersonnelle et la psychologie. Pour tout vous dire, j’ai acheté « Le management pour les nuls » et « Le Manager Minute » qui constituèrent le premier tournant de ma vie … déjà au travers de ces deux premières lectures, j’ai trouvé que l’humain était beaucoup plus passionnant que les machines, c’était les prémices de ce que je suis aujourd’hui. Je vous passe le reste de cette expérience, fort enrichissante certes, mais je souhaite en venir au cœur du sujet qu’est mon changement d’orientation professionnelle. Je vous embarque donc avec moi à la fin de cette première expérience. Pas de possibilité d’évolution, j’avais l’impression de tourner en rond, je m’ennuyais, il me fallait trouver une issue à ce que je vivais comme une impasse, pour moi, il fallait changer de voie.

Le réseau, le réseau, toujours le réseau !!!

Premier point important ! Je répète souvent aux personnes que j’accompagne, ainsi qu’aux étudiants avec lesquels je travaille à l’élaboration de leur projet professionnel, qu’il est important de cultiver son réseau personnel et professionnel, qu’il peut être un excellent moyen de trouver un job … si ce n’est le meilleur moyen ! Vous m’avez peut-être vu venir, c’est effectivement par mon réseau que j’ai pu changer de travail.

A l’époque, l’entraineur de l’équipe de football au sein de laquelle je jouais, travaillait à la Direction des Ressources Humaines d’un groupe sidérurgique important de la région. Je n’ai fait que lui demander conseil pour m’aider à améliorer mon CV, et après quelques suggestions, il revient un jour vers moi en me demandant : « ça te dirait de devenir Responsable de recrutement ? » à cela je réponds : « Pourquoi pas ? En quoi ça consiste ? ». Après m’avoir expliqué ce nouveau métier (entre nous, auquel je n’aurais jamais pensé) je lui dis « Banco ! ». C’est comme ça que je me suis retrouvé dans un groupe important du secteur du travail temporaire, au poste … d’Attaché Commercial. Après une formation technique, j’ai pu vivre ma première reconversion professionnelle vers un métier plus relationnel que technique.

Utiliser son réseau, cultiver son réseau, que ce soit au niveau professionnel ou personnel est un soutien incontournable pour pouvoir trouver une nouveau poste, peut-être le métier de vos rêves. Parlez-en à votre entourage, cela permettra à l’idée de faire son chemin pour aboutir peut-être à ce qui vous conviendra le mieux. Vous verrez plus loin que mon thérapeute a également joué un rôle important, puis un formateur, puis mon médecin et bien d’autres personnes. Ne restez pas seul avec votre difficulté, vous ne savez pas au départ le rôle qu’aura chacun des membres de votre réseau, mais soyez sûr que vous saurez tôt ou tard.

Développement personnel et confiance en soi !

Deuxième point important ! Pour se lancer dans un nouveau métier, il faut avoir suffisamment de confiance en soi et un peu d’audace. C’est la première fois que je suis sorti de ma zone de confort, mais j’avais au moins cette conviction au fond de moi, celle que j’avais la capacité d’apprendre et de comprendre un nouveau métier et je me suis lancé à la découverte de ce nouveau métier. J’ai pris cette opportunité comme une nouvelle aventure et j’ai osé me lancer.

Seulement voilà, encore un élément important quand on change de métier, c’est de se mettre en phase avec ses valeurs pour être sûr de réussir. Au bout de deux ans en tant qu’attaché commercial, j’ai eu la bonne idée de faire un travail de développement personnel grâce à mon médecin qui m’a recommandé à l’époque de rencontrer un thérapeute qui allait jouer un rôle important dans mon avenir professionnel … cette démarche m’a permis de me mettre en phase avec moi-même, prendre un peu plus confiance en moi. Ce fut ma rencontre avec l’approche systémique et l’accompagnement par la thérapie brève. Une seule séance m’a donné l’occasion de me rendre compte que je me trouvais face à une approche, un métier que j’avais vraiment envie d’exercer. J’arrive donc à la deuxième séance et je demande à mon thérapeute s’il est possible d’apprendre à faire ce qu’il fait sans pour autant être médecin ou psychologue … il m’a donné les coordonnées de quelqu’un qui proposait une formation à cette méthode d’accompagnement. Dans le même temps, mon employeur me propose la direction d’une agence. J’ai pu, en parallèle, tenir ce poste de directeur et me former à ce métier qui me semblait passionnant, j’allais changer de voie professionnelle pour la deuxième fois, je ne savais pas encore quand cela deviendrait réalisable.

La patience est une vertu qui peut nous mener très loin. Je me suis formé pendant 3 ans, j’ai continué à participer à des séminaires de supervision où j’amenais mes problématiques de manager, j’ai pu affiner ma posture de manager.

Vos valeurs !

Quand je parlais de l’importance de s’assurer d’être en phase avec ses valeurs, c’est au cours de cette expérience de directeur d’agence que j’allais le réaliser … à mes dépends dans un premier temps. En effet, même si la formation sur l’approche systémique me permettait de manager avec beaucoup de bonheur, néanmoins, le mode de management de l’entreprise était très éloigné des valeurs humaines qui me sont chères. Des chiffres, encore des chiffres, toujours des chiffres, je sentais bien que petit à petit, mes valeurs me rongeaient, je ne pourrais pas longtemps rester dans cette situation, je perdais peu à peu ma joie de vivre, mon envie de m’investir, la colère montait, mais pas possible de l’exprimer, partir était injouable à ce moment-là, principalement parce que je ne savais pas quoi faire et que j’avais peur de me tromper, de me mettre en danger financièrement et rester devenait intenable. Quand nous nous trouvons dans une situation où quel que soit le choix qui s’offre à nous, aucune position n’est tenable, nous allons progressivement tomber dans la dépression. En quelque sorte, j’ai choisi de ne pas choisir. Partir ? J’avais peur, peur de me lancer, peur de me tromper, j’avais fait cette formation qui était censée me donner un métier, mais je ne savais pas comment me lancer sans prendre de risque au niveau financier. Au regard de mon parcours, je pouvais postuler sur des métiers de manager, de commercial … mais n’allais-je pas me retrouver dans le même genre de situation ? Faire du chiffre, du chiffre et encore du chiffre. Donc plus question d’envisager ce type de poste. Les premiers signes de mal-être au travail commençaient à se manifester : démotivation, incohérence entre mes valeurs et ce qu’on me demandait, colère, frustration, plus envie d’aller au travail, plus d’intérêt pour ce que je faisais, plus d’envie et de motivation même au niveau personnel. Je me demandais quoi faire, et pas de solution à l’horizon. Puis arrive la libération, le groupe ferme 50 agences en France et supprime 600 postes, dont mon agence et mon poste. Un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) se profile et les mesures d’accompagnement qui m’apparaissent comme l’occasion rêvée : indemnité de départ, prime d’aide à la création d’entreprise et financement d’une formation si nécessaire. Ma voie était toute tracée : j’allais m’installer à mon compte, pratiquer l’approche systémique et stratégique en devenant Coach Professionnel et Personnel. Le dossier est bouclé en deux semaines, je vais enfin être libre.

Et ce n’est pas fini !

Vous vous dites peut-être que dans ces conditions, c’est facile de changer de métier, et bien je vous répondrai que ce n’était pas encore gagné. Certes, tout le monde n’a pas la chance de se faire licencier avec un chèque, mais il y a toujours un moyen de se faire financer une formation, d’obtenir des aides à la création d’entreprise. Bref, je me suis formé au métier de Coach Professionnel et Personnel et j’ai fait les démarches pour créer mon entreprise, mais je n’osais toujours pas me lancer. Mon formateur en thérapie brève, a été d’une aide précieuse, il m’a accompagné sur quelques séances pour me permettre de gagner en confiance en moi, changer quelques croyances qui me limitaient dans l’exercice de ce métier, j’ai enfin commencé à accompagner quelques personnes sur des problématiques personnelles et professionnelles petit à petit. Mais la machine n’est pas lancée pour autant car j’ai dû travailler ma posture et mon expertise. Au fil du temps j’ai pu affiner, prendre confiance en moi et enfin m’épanouir dans ce nouveau métier. Aujourd’hui, au regard de mon parcours, même si parfois le temps m’a semblé long, je referais exactement la même chose.

Synthèse

A la lecture de mon parcours, aujourd’hui avec l’expérience que j’ai dans l’accompagnement, je peux dire que plusieurs éléments ont joué un rôle fondateur, d’autres un rôle de déclencheur.

On récolte tôt ou tard ce que l’on sème

Si je devais mettre en lumière ces éléments fondateurs et déclencheurs, je commencerais par cette idée, que j’avais au fond de moi et qui a germé au fil du temps, celle de faire un métier dans lequel je m’épanouirai un jour ou l’autre.

Toujours le réseau

Ensuite j’ai eu la chance de faire ou j’ai su provoqué des rencontres déterminantes dans mon parcours, mon réseau m’a aidé à atteindre progressivement mon but. Ne négliger personne, rester ouvert, à l’écoute des autres, petit à petit, en prenant ce que les autres m’apportaient, tout s’est mis en place jusqu’à l’aboutissement de mon rêve.

Se connaître

Savoir ce qui est bien pour moi, savoir ce que je ne voulais plus, faire un bilan personnel, mieux me connaitre, connaitre mes limites, mais aussi mes aspirations, être à l’écoute de moi-même, sans être égocentré, simplement à l’écoute de mes émotions, de mes besoins. C’est le meilleur moyen de s’éviter d’aller trop loin dans le mal-être professionnel et surtout de ne pas aller jusqu’au burnout (syndrome d’épuisement professionnel).

Croire en soi

Croire en soi, quitte à me faire aider quand ce n’était plus le cas et mon thérapeute, mon formateur associés à mes amis et quelques collègues m’ont permis d’y croire et d’aller au bout de ma reconversion professionnelle.

Se former

Ensuite, je me suis formé, j’ai appris, patiemment, en me disant que même si le parcours me semblait long au départ, à l’arrivée je savais que je me dirais « Tiens ! Finalement c’est passé vite », et puis plus on retarde l’échéance au départ, plus le temps passé sera long à l’arrivée, donc j’ai pris « le taureau par les cornes ». C’est presque une lapalissade, mais j’ai eu si souvent l’occasion de repousser des échéances que je sais à quel point les choses ne sont pas si simples et qu’au bout d’un certain temps je me suis souvent dit : « Si je m’étais lancé, je serais déjà arrivé » … quelques années plus tard. Donc prendre une décision en accord avec soi-même quitte à se faire aider.

Quel est ou quels sont vos talents ?

Faire le point sur ce que je savais faire et ce que j’avais envie de faire, cela m’a permis d’affiner le choix de mon futur métier et pouvoir enfin changer de métier. En coaching professionnel, nous travaillons souvent à déterminer les talents des personnes que nous accompagnons. Il y a un ou des talents en chacun de nous, le tout est de pouvoir le ou les identifier. Mon formateur, lors d’un accompagnement, m’a permis de réaliser que ma capacité d’écoute faisait partie de mes talents, un ingrédient indispensable pour devenir coach.

Patience et persévérance

Faire preuve de patience et de persévérance … pour illustrer cela je citerai simplement deux proverbes qui se rejoignent : « Tout vient à point à qui sait attendre » et un proverbe chinois que j’aime beaucoup : « Quand l’élève est prêt, le maître apparaît ! ». Je peux dire avec du recul, que c’est exactement ce qui s’est passé pour moi.

Ainsi j’ai changé plusieurs fois d’orientation professionnelle, le chemin que j’ai parcouru m’a permis de faire de nouvelles rencontres, toutes plus enrichissante les unes que les autres. Je me suis trompé, mais j’ai utilisé ces erreurs comme autant de moyens de progresser … en tant que Coach aujourd’hui, je peux affirmer, pour l’avoir vécu, qu’il n’y a ni erreur ni échec dans la vie, mais seulement du Feedback qui nous permet d’ajuster et de réajuster nos démarches, progresser, pour accéder à un métier avec lequel nous serons enfin en phase. J’ai vécu des périodes de doute, des périodes d’euphorie, de doute à nouveau, mais j’avais la certitude que je réussirai tôt ou tard. Croyez en vous, faites de chaque erreur un moyen de progresser, semez encore et semez toujours des choses positives avec bienveillance vis-à-vis de vous-même et des autres, et vous récolterez à coup sûr des choses positives pour vous. Vous avez la main sur votre vie, à condition de prendre le volant, sinon ce sont les autres qui vous conduirons … et le risque est que la destination ne vous plaise pas réellement.

Régis AGUILERA