Vous êtes nombreux sur Cap Cohérence à rêver d’ouvrir un gîte pour votre reconversion. Et la grande question que vous posez généralement à votre coach est: « est-ce réaliste ? » J’ai donc eu envie de poser la question à quelqu’un qui connait bien le sujet. J’ai choisi de demander son éclairage à Alexandra Plançon, propriétaire et gérante du gîte Les Chamois, en Savoie.

Alexandra, vous avez ouvert le gîte « les Chamois » dans le spectaculaire massif des Bauges il y a 5 ans, était-ce une reconversion ?

En quelque sorte, mais une reconversion au sein de la profession et du secteur CHR, (Café, Hôtels, Restaurants). Le choix d’ouvrir un gîte et non un restaurant traditionnel s’est imposé naturellement, pour une meilleure cohérence, comme un triangle alliant vie de famille, activité professionnelle et cadre de vie - lié à l’emplacement du gîte. Ces derniers étant souvent situés dans des zones géographiques à vocation touristique, et par conséquent, des endroits où il fait bon vivre.

Issus de formations hôtelières, mon mari et moi sillonnons depuis 20 ans les chemins divers et variés de la restauration. L’exploitation d’un gîte ou d’une chambre d’hôte offre notamment une écoute différente avec le client, et la possibilité d’organiser en amont un accueil plus personnalisé pour des temps de partage plus riche.

Chez Cap Cohérence, nous aidons nos clients à construire des projets porteur de sens, pensez-vous que se reconvertir pour ouvrir un gîte est un bon moyen de donner du sens à son activité professionnelle ?

Assurément, ouvrir un gîte pour sa reconversion est un excellent moyen de se réaliser, à travers le choix du lieu, la décoration, la clientèle ciblée, la cuisine proposée.

Si vous êtes passionnés par le bien-être, la randonnée, le chant, les plantes comestibles,… rien ne vous empêche d’organiser des week-ends à thèmes autour des sujets qui vous animent et profiter ainsi d’un moment privilégié avec vos hôtes.

Le fait d’être son propre chef est également un excellent moyen de se réaliser.

Concernant l’exploitation pure de son propre gîte, le fait de n’avoir aucun compte à rendre peut-être parfois vertigineux mais souvent jubilatoire !

Quels sont d’après vous les aspects moins glamour auxquels on doit songer quand on envisage d’ouvrir un gîte pour sa reconversion ?

La principale notion à intégrer dès le départ est la gestion du temps au quotidien. Vie professionnelle et vie privée fusionnent très vite quand on ouvre un gîte. Il y a évidemment une notion d’organisation qui est essentielle. La remise en état du gîte et les diverses préparations inhérentes à l’arrivée du client doivent toujours se faire en amont de l’accueil physique de ce dernier.

L’accueil est une notion omniprésente dans ce secteur d’activité. L’accueil téléphonique nécessite d’interrompre à tout moment son activité et à se replonger dans le planning des réservations par exemple. Il est préférable de répondre aux mails dans la demi-journée pour que les clients ne poursuivent pas leur recherche sur d’autres gîtes. En quelques sortes, les journées ne se déroulent pas toujours comme prévu.

L’autre aspect, moins glamour à prendre en compte avant de se reconvertir est lié au fait que ce travail est relativement physique : amplitude horaires et tâches ménagères. Il est préférable d’avoir un homme à tout faire à porter de main, ou mieux encore, d’être bricoleur.

De plus, travailler en nom propre signifie de n’avoir pas ou peu de collègues et de se priver ainsi d’une vie sociale liée au travail, même si les liens avec les différents acteurs socio-professionnels sont souvent très enrichissants.

Enfin, l’ensemble des membres de votre famille doivent impérativement vous suivre dans votre projet car votre disponibilité envers vos proches sera subordonnée à votre planning de réservation.

Un des grands sujets de préoccupation des aspirants à la reconversion est l’aspect financier. Peut-on vivre de son activité en tant que gérant de gîte ?

Concernant l’aspect financier, de nombreux paramètres entrent en jeu. La capacité d’accueil, la saisonnalité, le niveau de vie, le choix des produits proposés mais surtout, le montant emprunté pour ouvrir le gîte qui détermine les mensualités de remboursement.

Il est tout à fait possible de vivre de son gîte. Cela demande une préparation d'un dossier prévisionnel supervisé par un banquier ou un agent comptable afin de maîtriser les différentes charges qui vous incomberont dès que vous aurez en main les clés de votre propre gîte. Et je crois également nécessaire de garder au chaud un ou deux projets liés à l'exploitation afin d'optimiser le chiffre d'affaires et rendre l'activité pérenne

Différents statuts s’offrent à vous et peuvent également conditionner l’aspect financier. En effet, une première expérience en gérance peut être recommandée avant d’investir en nom propre, cela permet de s’assurer de la faisabilité de son projet et de ne pas voir son rêve tourner au cauchemar.

Finalement, en vous écoutant, je me dis que créer son gîte, c’est choisir d'exercer plusieurs métiers en même temps: il y a l'aspect service au client auquel on pense facilement, mais il y a également tout un tas d'activités connexes: la gestion administrative, la gestion financière, le management d'équipe, la prospection et la vente, les relations avec fournisseurs et partenaires, la veille et la formation sur les réglementations en vigueur... Comment s'équilibrent toutes ces activités dans votre quotidien de gérant de gîte ?

Ce travail d’équilibriste se fait relativement rapidement, même s’il faut jongler en permanence avec tous ces aspects qui font le charme de ce métier, de la gestion, aux tâches ménagères en passant par l’accueil. Mieux vaut ne pas aimer la routine. Néanmoins, quand on ouvre un gîte, il est essentiel de déléguer certaines missions comme la comptabilité, l’entretien du jardin, la gestion du linge. Ces choix se font en fonction de vos aptitudes premières, tout en étant vigilant aux coûts engendrés pour l’entreprise. Il est donc important de bien vous connaître avant de vous lancer dans ce type de reconversion.

Cependant, la communication, la commercialisation et l’accueil clientèle doivent toujours être supervisés par vos soins.

Quant au choix des fournisseurs, vous devez leur communiquer votre philosophie de travail. Le choix des produits est l’une des nombreuses cartes de visite du gîte.

Cela semble bien compliqué pour un débutant d'appréhender tous ces aspects, quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaiterait ouvrir un gîte pour sa reconversion ?

Il y a à mon avis deux aspects importants à appréhender avant d’ouvrir un gîte :

  • D’abord l’ensemble des normes et toute la réglementation en vigueur concernant l’exploitation d’un gîte.
    Ainsi, l’ouverture d’un gîte pour une personne en reconversion professionnelle passe obligatoirement par les formations dispensées par les chambres de commerce et syndicats hôteliers.
  • Ensuite, le quotidien de la gestion d’un gîte. Pour cela, il n’existe pas de formation officielle. Pourtant, il me semble indispensable pour quelqu’un qui souhaite se reconvertir dans l’exploitation d’un gîte de s’initier aux fondamentaux tels que, l’environnement du gîte, le financement, les démarches obligatoires, la commercialisation, la communication, la politique tarifaire, l’accueil, la gestion du personnel et la satisfaction clientèle. C’est pour cette raison que nous avons, mon mari et moi, développé une formation spécifique qui se déroule en condition réelle d’exploitation.
    Les personnes qui viennent réaliser cette formation chez nous repartent avec une expérience concrète de ce que signifie « ouvrir un gîte », ils se projettent mieux dans leur possible reconversion car nous leur permettons de se confronter au changement de vie que cela représente.

En effet, nous le constatons tous les jours sur Cap Cohérence, il est primordial de valider son projet de reconversion avant de se lancer.
Et pour ouvrir un gîte, quoi de mieux que de se former auprès de professionnels expérimentés ! Si nos lecteurs sont intéressés pour se former à vos côté, comment doivent-ils s’y prendre ?

Il suffit de se rendre sur notre site internet et de nous contacter en indiquant le contexte de votre requête.

Nous serons ravis de vous accueillir ! Pour nous, ouvrir un gîte est avant tout un mode de vie, une manière de s’exprimer via la qualité de la relation, le choix du produit, de l’ingrédient qui fera la différence. Et nous avons hâte de vous aider à trouver votre façon de vous exprimer !!

Merci Alexandra pour ce témoignage très instructif. Je retiens donc que oui, il est tout à fait « réaliste » d’envisager d’ouvrir un gîte pour sa reconversion, à condition de prendre soin de valider son projet, et de se former sur le terrain pour appréhender les conditions réelles d’exploitation.

En espérant, cher lecteur, vous avoir éclairé dans votre questionnement.

Au plaisir de vous retrouver sur Cap Cohérence,

Annabelle pour Cap Cohérence