En situation de burn-out, le premier réflexe est de fuir son entreprise, son métier. Réflexe salutaire, mais insuffisant : fuir pour faire quoi ? pour aller où ? vers quelle reconversion professionnelle se diriger ? Comment l’envisager ?

1. Dépasser le réflexe de fuite vers la reconversion professionnelle

La première demande d’un coaché en situation d’épuisement professionnel est de quitter au plus vite sa situation professionnelle. La fuite est un réflexe de survie du cerveau reptilien. Au vu des douleurs physiques et émotionnelles supportées par l’individu dans cette situation, ce réflexe est a priori salutaire. D’ailleurs, le plus souvent, le médecin décide d’un arrêt maladie plus ou moins long. Cependant, selon l’adage « les mêmes causes produisent les mêmes effets », si la personne ne change pas de mindset, elle présente très fort risque de nouvel un épuisement professionnel quel que soit dont domaine de reconversion, avec, à nouveau, ce besoin de fuite d’une situation devenue insupportable. C’est la raison pour laquelle il est crucial de sortir de la situation réflexe, de se mettre en situation meta pour observer ses ressentis, remonter dans le temps pour observer les causes originelles et répondre à la question habituelle « pourquoi moi ? ». Il existe en effet des raisons objectives et factuelles qui prédisposent dans la même situation, un individu plus qu’un autre au burn out. Celles sont internes comme la perception du stress (mémoire interne, hygiène de vie), l’importance de la reconnaissance externe et de l’identité professionnelle, négligence de ses besoins personnels, une injonction liée à l’éducation (Sois parfait, Fais plaisir, Sois fort, Fais des efforts, Dépèche-toi), une ou plusieurs croyances limitantes … et viennent en réponse à des causes externes, par exemple un stress intense prolongé dû à une surcharge de travail permanente après une réduction des effectifs, une évolution professionnelle imposée, un management négatif voire toxique, un désaccord sur les valeurs, une fusion ou un PSE…

Identifier les risques permet de marquer un arrêt sur image, un état des lieux de la situation, donc sortir du réflexe de fuite, de poser un regard aussi objectif que possible sur soi-même. Plus aisé avec un regard extérieur professionnel sans jugement, c'est ce que nous faisons en coaching lorsque les fondements identitaires de la personne ne sont pas remis en cause.

2. Accepter de se Re-Poser... et Oser le diagnostic du burn-out

L’épuisement physique, intellectuel et émotionnel subi, engendre un besoin irrépressible de relâchement, de récupération physique (incapacité d’agir, éventuellement un état plus ou moins dépressif lié au relâchement brutal de la pression). Il sera donc important de se faire accompagner par un médecin (un coach n’est pas un thérapeute). Cette phase est importante à accepter puisqu’elle conditionne la récupération de l’état de santé global. Lorsque les batteries de téléphone sont complètement à plat, il faut les laisser se recharger suffisamment. Pour l’humain, c’est identique. Anticiper une reprise dans l’urgence, ou encore refuser de s’arrêter renforce le risque de rechute et d’aggravation. La première autorisation que la personne doit s’accorder est de se poser, prendre conscience d’être, et se reposer, c’est-à-dire de faire « rien » (et oui, c’est possible même si cela paraît difficile pour certains), de lâcher toute culpabilité vis à vis de son entourage, son employeur, ses collègues et/ou clients. La seconde autorisation est d’accepter de prendre du temps « juste pour soi », sans penser aux autres. Cette première phase d’accompagnement, outre la nécessaire acceptation de l’épuisement professionnel et de ses conséquences, concerne la prise de conscience du temps présent, la conscience d’Etre et non seulement faire, capitaliser les émotions positives, apprécier l’existant.

Cette phase d’interrogation sur sa valeur et ses valeurs, permet de pousser la réflexion sur son alignement avec les valeurs, le sens, la mission de l’entreprise et la connexion avec ses talents, ses aspirations.

3. Une reconstruction professionnelle connectée à soi

« On ne peut pas résoudre un problème avec le même niveau de pensée que celle qui l’a créé. » Albert Einstein.

Les conditionnements et fonctionnements passés sont profondément ancrés. Cela signifie tout simplement que si la personne ne modifie pas son comportement, son attitude, elle reproduira les réflexes passés avec les mêmes conséquences. Le changement de positionnement doit être réalisé consciemment, les choix pensés depuis un nouveau point de vue. Celui-ci doit être construit en lien avec ses choix de vie, non par défaut. La plupart des personnes définissent aisément ce qu’elles ne veulent plus. En revanche, un regard extérieur professionnel par la qualité de questionnement et de présence facilite l’émergence de choix positifs, de regards sur soi sans jugement et bienveillants, évite le retour d’anciens conditionnements réflexes dès l’apparition de difficultés et/ou de freins. La personne apprend à se respecter, se connecter à ses talents et ressources, identifier ses préférences cérébrales et comportementales, utiliser judicieusement logique et intuition. Seule cette écoute globale permet de construire une reconversion professionnelle durable.

Cette phase menée en parallèle ou suite à la précédente, selon le rythme de chacun, a pour objectif de construire une reconversion sur mesure, ce qui intègre non seulement le métier et missions associées, mais aussi ses conditions d’exercices, la structure et le lieu. Les choix et priorités de vie, la reconnexion avec le plaisir et l’énergie de vie (ce qui fait vibrer) sont bien entendu au cœur de la réflexion et de cette construction.

Mon expérience de coach me montre que chaque reconversion professionnelle est certes différente, cependant tous mes coachés en épuisement professionnels viennent avec la même attente : « Je veux un métier où je m’épanouisse, me sente bien, un travail qui ait du sens, qui respecte mes valeurs ». Est-ce que cela implique un changement radical de profession? Rarement. Le plus souvent, il s’agit d’une inflexion de la trajectoire professionnelle, avec surtout l’opportunité d’une prise de conscience de sa propre existence, de la possibilité d’enfin exercer ses choix connecté à ses talents naturels.

Et vous, comment vivez-vous cette période de changement ? Comment avez-vous vécu, ou envisagez-vous votre reconversion professionnelle ? Quels changements voudriez-vous vraiment ?

Véronique Martin