Lorsque j’ai choisi de faire une école de commerce, j’avais déjà en tête le métier que je voulais exercer : le marketing. Mais mon école n’était pas encore classée et reconnue : je fais partie de la première promotion. Alors, j’ai décidé de démarrer ma carrière professionnelle par le terrain en tant que chef de secteur. Et oui, pas très parlant comme nom…Si je vous dis commercial pour la grande distribution…Toujours peu clair ? Et si je précise en disant que je vendais mes boîtes de Whiskas et Pedigree Pal à Carrefour et Leclerc ? Mieux?

On ne vieillit pas au marketing…

J’ai fait cela pendant 3 ans, puis j’ai eu l’occasion d’intégrer l’équipe marketing. Après, j’ai grimpé les échelons du marketing au sein de la même entreprise puis en changeant d’entreprise. Après presque 15 ans d’expérience marketing, je me suis posée la question suivante : on ne vieillit pas au marketing, que fait-on après ?

Il est vrai que si vous regardez la moyenne d’âge des équipes marketing, elle est plutôt basse…Et je commençais à faire partie de la tranche d’âge la plus élevée. Je ne souhaitais pas évoluer vers plus de responsabilités.

Le bilan de compétences, première étape vers la reconversion

L’idée de devenir freelance ne m’était pas venue en premier à l’esprit. J’avais plus envie de savoir quelle serait l’étape d’après, sans me poser de question sur mon statut. J’ai donc fait la demande aux RH pour utiliser mon DIF en réalisant un bilan de compétences. Finalement la première étape vers le chemin de mon indépendance. J’avais déjà en tête des pistes en démarrant mon bilan, toutes autour de l’accompagnement, la transmission de savoir.

Ce bilan m’a conforté dans ce que je savais faire et m’a surtout permis d’entamer une autre démarche, celle de mon développement personnel à la suite de mon profil MBTI. J’avais besoin de mieux me connaître avant de pouvoir accompagner les autres et surtout d’être capable de me lancer en tant que freelance. Juste à la fin de mon bilan, avant de construire mon projet, mon entreprise m’a proposé un nouveau poste en tant que chef de groupe sur une des plus belles marques de l’entreprise. J’ai souhaité prendre ce poste pour l’enjeu et aussi pour prendre le temps de poursuivre mon chemin avant de sauter le pas et de quitter le salariat pour l’inconnu du mode « free lance ».

Je me suis fixé une échéance : 3 ans. 3 ans et je quitterai mon entreprise pour mener à bien mon projet de devenir indépendante.

Mon métier : Freelance !

J’ai eu l’opportunité au bout de ces 3 ans de pouvoir partir dans le cadre d’un plan social, donc dans des conditions confortables pour me lancer. Ces 3 ans m’avaient permis de prendre de l’assurance quant au fait de quitter le monde de l’entreprise et surtout de confirmer ce besoin de retrouver du sens à ce que je faisais, de sortir des jeux politiques, de pouvoir prendre ma carrière en mains, de retrouver de la liberté.

Je voulais devenir consultante freelance, en m’appuyant sur ce que je savais faire, le marketing. Et en parallèle me former au coaching professionnel. J’ai donc entamé ma formation de coach auprès d’HEC. Mon entreprise m’avait aussi mis à disposition un outplacement. Décevant comme suivi…La seule chose positive : m’aider à écrire des lettres de motivation afin de proposer mes services en tant qu’intervenante marketing en école de commerce. Et ça a marché ! J’ai commencé à donner des cours dès la rentrée suivante.

Comme j’avais besoin de facturer, je me suis donc renseignée pour créer ma société : journée créateur de la CCI, réseau d’entrepreneur, expert-comptable. Le 10 septembre 2010, 7 mois après avoir quitté mon entreprise, je déposais mes statuts.

Aujourd’hui, mon activité freelance est centrée sur l’humain : j’anime des formations auprès d’un public en entreprise, je coache sur des problématiques professionnelles, notamment de reconversion et j’ai un rôle de responsable pédagogique pour un cycle mastère marketing dans une école de commerce.Je n’ai aucune envie de retourner dans l’entreprise. Je continue à vivre ses problématiques par « procuration » en quelque sorte, au travers des échanges avec les participants à mes formations. Je n’ai jamais rencontré autant de monde depuis que je suis sortie de l’entreprise !

Un premier bilan après 4 ans

Le bilan de ces 4 années passées en tant que freelance est positif. Il est vrai que j’ai acheté ma liberté : je ne retrouverai pas mon niveau de salaire avec le business model actuel. Et je n’ai pas de visibilité à plus de 2 mois en termes d’activité. Mais je peux choisir et organiser mon temps plus facilement. Dans la mesure du possible, je ne travaille pas en dehors de la maison le mercredi afin de pouvoir passer du temps avec ma fille. J’ai aussi la conviction que mon portefeuille d’activités peut évoluer au fil des ans, ce qui donne de la perspective.

Ce que j’aurais pu faire différemment ? Me faire coacher ! Le bilan de compétences est important dans cette période, mais, selon moi, il n’est pas suffisant. Il n’aide pas la personne à se questionner en profondeur sur ce qui fait sens pour elle, sur ses peurs face au statut de freelance qui peuvent la freinent à passer à l’action, sur ses moteurs. Il ne l’accompagne pas tout au long de la mise en œuvre du projet, en accueillant ce qui émerge au fur et à mesure du chemin de reconversion professionnelle.

Quelques conseils si vous pensez à vous reconvertir pour devenir freelance…

Les points de vigilance à avoir lorsque l’on se lance sur ce chemin de reconversion:

  • Prendre le temps de construire son projet et de ne pas sauter dans le vide sans parachute.
  • Avoir du soutien : un projet de reconversion professionnelle lorsque l’on est en couple, c’est aussi un projet de couple. Il est indispensable d’avoir le soutien de son conjoint. Le coach peut aussi être un soutien dans cette période. Il est externe à la situation, ne porte pas de jugement et apporte toute sa bienveillance.
  • Aimer être seul : travailler en freelance signifie parfois se retrouver seul, à son bureau, à activer son réseau, à démarcher.
  • Avoir de l’énergie : il faut être capable de s’auto motiver. Le matin, personne ne va vérifier que vous êtes bien arrivé au bureau !
  • Etre aligné : faire ce qui est en accord avec vos valeurs profondes afin d’y trouver du sens et donc de la motivation et du plaisir.
"Tout ce que vous avez toujours voulu faire ou rêvé de faire, entreprenez-le. L'audace renferme en soi génie, pouvoir et magie. “ Goethe - le pouvoir de l'engagement

Isabelle Bui