Dans mon précédent article, j’ai décrit mon changement d’orientation professionnelle. Aujourd’hui, je souhaite reprendre la première étape, cette sensation de mal être au travail qui peut vous saisir un jour et vous plonger en plein brouillard, pour vous expliquer comment les choses se sont déroulées pour moi.

Evidemment, chaque parcours, chaque individu est unique, ainsi, mon parcours et les clés que j’ai utilisées ont bien fonctionné pour moi, mais rien ne peut assurer que ces clés fonctionnent pour d’autre. Néanmoins, mon parcours, mes clés peuvent servir d’inspiration, comme une métaphore, ce genre d’histoire qu’on peut utiliser en coaching et qui peut vous permettre de faire des liens et des associations d’idées qui vous permettent de trouver vos propres clés.

Période de malaise au travail

Il peut arriver à chacun d’entre nous, de remettre en question sa vie, et son travail en particulier. J’ai connu cette période de malaise, de mal être qui a tendance à figer l’individu. Gad El Maleh, dans un de ses sketchs raconte que parfois il a des crises de « j’sais pas c’que j’ai » ! Effectivement, il est parfois difficile de mettre des mots sur ce que l’on vit ou ressent, difficile de comprendre ce qui se passe en nous. Comme un épais brouillard teinté d'un manque de motivation, d'un manque d’énergie, d'irritabilité, de découragement même parfois ... tout se passe comme si ces symptômes prenaient possession de notre corps, de notre tête pour nous empêcher de continuer comme ça, mais aussi d'avancer.

Comment mettre des mots sur nos maux ?

J’ai envie de dire qu’une des premières étapes est de chercher à identifier l’émotion ou le type d’émotion que nous ressentons. Est-ce de la peur ? Est-ce de la colère ? Est-ce de la tristesse ? Derrière chaque émotion se cache un besoin qui n’est pas satisfait. Quelle émotion ? Quel besoin … peut-être même quels besoins ? Apprendre à écouter ce qui se passe en nous … d’après Milton Erickson, un des plus grands, sinon le plus grand thérapeute qui ait existé, expliquait que notre inconscient était en quelque sorte comme un ange gardien pour nous, cet inconscient fonctionne comme un radar qui nous aide à trouver la bonne voie pour nous. Malheureusement, cet inconscient n’a pas la capacité de communiquer de façon directe avec notre conscient, c’est ce qui explique que parfois, il passe par nos rêves, voire même par notre corps pour nous signaler que nous faisons erreur. Il passe par notre corps pour nous faire comprendre les choses. Peut-être que vous allez vous dire, en lisant ces mots, que je prends quelques produits illicites qui me font un peu perdre ma lucidité … c’est le genre de choses que je me disais avant de découvrir le livre de Michel Odoul Dis-moi où tu as mal : Je te dirai pourquoi et de confronter certains symptômes que je vivais avec ce que l’auteur pouvait en dire. Je dois vous avouer que parfois, certaines choses étaient vraiment surprenantes. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout est vérité absolue, mais ce livre peut donner quelques pistes de réflexion sur le lien que peuvent avoir certains symptômes et ce que nous vivons.

Bref, j’en étais à mon mal être … donc, exploration de ce que je ressentais, et ce que la situation venait toucher en moi ! Il était facile de constater que mon travail ne me satisfaisais plus … à ce moment-là, j’ai compris que mes valeurs n’étaient pas en phase avec ce qu’on me demandait de faire … du chiffre, du chiffre, de la conquête commerciale, développer de nouveaux clients, presque au détriment du service que j’étais censé rendre et bien sûr dans un objectif de faire du cash à court terme. J’avais presque la sensation de devoir escroquer les clients tout en étant poussé à « presser » mes collaborateurs. L’incohérence entre ce que l’on me demandait et mes valeurs complétement orientées vers l’humain me plaçait dans une situation inconfortable. A l’époque, j’étais à la fois en colère contre mon employeur, pour lequel je n’avais plus envie de travailler, mais j’avais aussi peur de perdre voire même de quitter mon emploi. Le fait de se retrouver face à ce genre d’alternative, où quel que soit le choix envisagé, la position est intenable, nous pousse très souvent à faire une dépression. Dans mon cas, rester devenait insupportable, et partir pour faire quoi ? Comment ? Avec quels moyens ? Je ne voulais plus d’un métier où j’allais devoir vendre pour vendre … et logiquement j’ai fait ma petite dépression car la deuxième solution n’était pas plus tenable que la première.

Comment trouver sa voie ?

Je ne vais pas vous donner de recette miracle, mais je peux vous raconter comment j’ai trouvé ma voie quelques années plus tôt et en tirer quelques enseignements que j’utilise en coaching aujourd’hui.

Pour moi, cette réflexion est née d’une discussion que j’avais eue avec le président du club de foot dans lequel je jouais à l’époque. Le contexte : collation avant un déplacement pour un match, j’arrive chez mon président, je le salue, je lui demande comment il va et il me répond qu’il en a un peu marre de son travail, à plus de 50 ans, il cherche un moyen de pouvoir s’arrêter de travailler. Cette réflexion qu’il m’a faite, a provoqué en moi une remise en question … je me suis dit que je me poserai ce genre de question un jour … j’avais 33 ans. 1 an plus tard, lors d’une visite chez mon médecin, celui-ci sent que je ne suis pas complétement bien dans ma peau et me conseille d’aller voir un confrère à lui qui pratique la thérapie brève en m’assurant que ça me ferait le plus grand bien. Je vais voir ce thérapeute, dans la salle d’attente, je m’informe sur sa méthode … je prends quelques notes pour faire quelques recherches sur internet en rentrant. Je fais ma séance et une fois rentré chez moi, je regarde sur internet. Les bienfaits de cette séances ont été tels que je me suis dit : « C’est ça que je veux faire !!! » donc à la séance suivante, j’ai demandé comment je pouvais apprendre, il m’a donné les informations utiles et j’ai pu intégrer un groupe de formation 1 an plus tard. Ma rencontre avec cette méthode a bouleversé ma vie, j’avais ce projet en tête, mais quand ? Comment ? Je n’avais pas encore de réponse à cette question.

J’avais trouvé ma voie ! Accompagner, aider, être au service des autres et le rendre heureux !

Savoir formuler un objectif

Après réflexion, le premier point qui me semble important, c’est que je me suis demandé un jour comment j’allais bien pouvoir trouver ce moyen de faire autre chose. A partir du moment où j’avais cette idée en tête, le processus était enclenché. Pour atteindre un objectif, il faut déjà le formuler positivement. Ma question n’était pas « je veux arrêter ce travail », mais bien « comment trouver un métier dans lequel je m’épanouirai ? ». Pour l’instant, dans la mesure où je ne savais pas quoi faire exactement, le premier objectif était de trouver un métier qui me plairait, rester à l’écoute, en veille sur les différents métiers que je pouvais découvrir et m’imaginer dans ces métiers. L’idée a fait son chemin. Je suis certains que j’aurais pu gagner du temps en me faisant accompagner plus tôt, mais un jour, une amie m’a donné un proverbe chinois qui était le suivant : « Quand l’élève est prêt, le maître apparait », on pourrait aussi dire « Tout vient à point à qui sait attendre ». Ce proverbe m’a aidé à me dire que je n’étais certainement pas encore prêt.

Une fois que l’idée est lancée, c’est comme une graine plantée qu’il faut arroser, nourrir, comme un fruit qu’on laisse mûrir … être patient et persévérant. Se reposer la question, la tourner, la retourner pour qu’enfin un jour, comme si elle sortait de nulle part, l’idée surgisse comme une évidence.

Donc la toute première étape est de lancer l’idée et rester en veille, garder cette idée en tête et des réponses viendront … certainement plus vite que vous ne l’auriez imaginé.

Apaiser ses émotions

4 ans plus tard, nous revoilà plongés dans la période de mal être au travail décrite au départ. J’avais ainsi terminé cette formation sur l’approche systémique et les techniques de thérapie brève, mais je n’avais absolument aucune idée sur les moyens qui allaient me permettre de me lancer. Donc j’en reviens à ma déprime ou dépression, j’ai exploré mes émotions, en commençant par ma colère. Derrière la colère se cache un besoin de limites, et ici, clairement, mes limites en termes d’éthique avaient été piétinées, dépassées. Je ne pouvais plus, juste pour enrichir encore plus des actionnaires ayant de l’argent à ne plus savoir qu’en faire, forcer la vente, pousser des clients qui subissaient la crise de 2008 à accepter les augmentations de tarifs en leur forçant presque la main ! C’en était trop pour moi, j’ai donc travaillé à évacuer cette colère, non pas sur mes patrons car cela n’aurait fait que développer un conflit d’où personne ne sort gagnant et surtout pas moi. Des techniques plus constructives m’ont permis de me décharger de cette colère. J’ai exploré mes émotions, la deuxième était la peur. Derrière la peur se cache un besoin de sécurité, alors je me suis mis en quête de cette sécurité. Le meilleur moyen d’apaiser ses peurs est tout simplement d’aller les explorer. Comprendre ce qui fait peur et chercher un moyen de les contourner voire même de les balayer. Une fois ces émotions apaisées, je suis devenu plus lucide, plus calme, toujours décidé à partir, mais en étant orienté sur la recherche de moyens. Un autre proverbe chinois dit : « Qui ne veut pas, cherche des excuses, qui veut, cherche des moyens ». J’en étais là, chercher les moyens qui allaient me permettre de partir et de m’aligner avec mes valeurs.

Il est indispensable d’évacuer la colère et d’aller questionner ses peurs. Bien sûr, il n’est pas question de déverser sa colère sur celui ou celle qui en est le générateur, mais de trouver un biais qui puisse permettre d’apaiser, d’exprimer, voire même de verbaliser cette colère afin de se sentir un peu plus serein. Quant à la peur, il faut l’explorer, la questionner, chercher à savoir de quoi nous avons peur, pour peut-être trouver des moyens pour la dépasser voire même de se rassurer complétement.

Je vous raconterai comment j’ai pu me mettre en phase avec mes valeurs lors d’un prochain article.

Bien à vous !

Régis Aguilera