Les biais cognitifs font partie de ces sujets très en vogue car très faciles à diffuser via les réseaux sociaux tant les expériences sur le sujet sont nombreuses. En effet, l’étude des biais cognitifs fait l’objet de nombreux travaux en psychologie cognitive, psychologie sociale et dans les sciences cognitives en général. Présentés souvent comme des défaillances du cerveau, on en vient même à demander aux travailleurs de combattre leurs biais cognitifs, surtout s’ils occupent des postes où les décisions sont récurrentes et impactantes. Mais cette volonté de combattre nos biais cognitifs ne serait-elle pas elle-même l’expression d’un biais ? Avant de répondre à cette question, je vous propose d’explorer plus en détail le sujet…

Les biais cognitifs : anges ou démons ?

Commençons par étudier quelques exemples de biais cognitifs ensemble et examinons leurs conséquences :

  • Exemple 1 :

biais d'optimismeSi je vous pose la question suivante, que répondez-vous parmi les 4 choix possibles : « Etes-vous un bon travailleur ? Réponse A : Dans les meilleurs 25%, Réponse B : Meilleur que la moyenne, Réponse C : Moins bon que la moyenne, Réponse D : Parmi les plus mauvais. Je suis curieuse de lire votre réponse que vous pouvez inscrire dans les commentaires de l’article. Mais je peux déjà prédire que 90% des répondants donneront la réponse A ou B. C’est ce qu’on appelle le biais d’optimisme. Est-ce si mal que ça ? Oui ! Il y a des conséquences négatives importantes pour ce biais car il va me laisser prendre des risques aveuglément

  • Exemple 2 :

biais d'ancrageC’est l’été, vous êtes en train de déambuler dans le marché des artisans du village et vous apercevez un magnifique chapeau en paille. Le prix initial est annoncé à 47€60 mais il est barré et le chapeau ne coûte que 23€. Que se passe-t-il dans votre tête ? Vous vous dites que c’est une bonne affaire. Mais la question à se poser est : l’auriez-vous acheté si le prix affiché était 23€ sans remise annoncée ? Pas forcément. Mais le biais d’ancrage crée une accroche d’information dans notre cerveau qui fait que nous comparons au prix initialement donné. Est-ce si mal que ça ? Oui ! Le biais d’ancrage m’empêche de réfléchir à partir de l’information pertinente en m’affichant seulement l’information disponible, celle que j’ai reçu en premier. C’est un piège à décision !

Exemple 3 :

effet de sur-confianceVous est-il arrivé de parler avec aplomb d’un sujet ou de vous croire très compétent sur un sujet avant de vous rendre compte que vous n’aviez rien compris ou que vous aviez encore beaucoup à apprendre ? Big Up à tous ceux qui se sont déjà intéressé à de nouveaux sujets dans leur vie, je suis sure que vous vous reconnaîtrez dans cette ascension du mont stupide avant la traversée de la vallée du désespoir si bien décrits par Dunning et Kruger. C’est l’effet de sur-confiance. Est-ce si mal que ça ? Oui ! Se croire bien plus compétent que ce que l’on est, c’est entraîner tous ceux qui nous croient dans les abimes des décisions débiles.

Exemple 4 :

biais de conformitéVous êtes à la réunion de rentrée de la classe de CM1 de votre fils. La maîtresse annonce que les enfants devront faire 1h de devoir à la maison tous les soirs au minimum pour s’en sortir cette année. Personne ne réagit dans la salle. Que faites-vous ? A moins d’avoir développé un fort caractère à tendance rebelle, même si cette annonce vous choque, vous ne direz rien (au moins à ce moment-là), comme le reste du groupe. Vous êtes alors victime du biais de conformité. Est-ce si mal que ça ? Oui ! L’histoire regorge d’exemples odieux illustrant ses conséquences négatives.

Les biais cognitifs ont donc des conséquences négatives indéniables sur nos vies quotidiennes. De plus, si quelqu’un combine l’argumentation défaillante et l’activation des biais cognitifs, cela lui confère un pouvoir sur les humains non armés. Enfin, et surtout, les biais cognitifs peuvent causer des dégâts très importants dans des domaines comme la justice ou la médecine. Il est donc utile de chercher à les déceler et les déjouer.

Ceci étant dit, il serait dommageable de le faire n’importe comment. En effet, tout biais a aussi des conséquences positives. Le biais d’optimisme permet d’aborder l’avenir avec confiance et de se mettre en situation d’apprentissage. Le biais d’ancrage permet de gagner du temps dans certaines décisions et de se mettre en alerte face à certains comportements. L’effet Dunning Kruger permet l’innovation et la vente. Le biais de conformité nous aide à nous intégrer et à déléguer.

Tout est question de contexte et d’objectif. Si vous voulez gérer habilement vos biais cognitifs dans vos prises de décisions, je vous recommande donc de commencer par comprendre un peu mieux de quoi il s’agit.

Etape 1 : apprendre à connaître et reconnaître nos biais cognitifs

Un biais cognitif est une distorsion subie par l’information en entrant ou en sortant du système cognitif. Ce sont des mécanismes de la pensée qui créent une déviation de la perception, de l’évaluation et de l’interprétation. Ils ne sont généralement pas conscients et nous ne sommes pas tous égaux dans notre sensibilité aux biais. Par ailleurs, l’état de notre corps, comme nos pathologies, amplifie l’expression de certains biais. De même, le système relationnel dans lequel nous évoluons favorise ou limite certains biais.

Un biais est donc une distorsion de l’information. Or, vous imaginez bien qu’il peut se produire une infinité de distorsions dans l’ensemble de nos cerveaux humains et toutes ne font pas l’objet de recherches. Cependant, environ 180 biais cognitifs sont aujourd’hui documentés et nommés. Et si le sujet vous passionne, vous pouvez consulter le codex des biais cognitifs accessible en licence libre.

Par ailleurs, de nombreuses chaînes Youtube et Podcasts sont consacrés au sujet. Vous retrouverez par exemple l’explication de nombreuses études sur le sujet des biais cognitifs dans la Playlist « Crétin de cerveau » de la chaîne Youtube « Science étonnante ».

Le fait d’apprendre à connaître et à reconnaître les biais cognitifs est une première étape intéressante (et ludique !), mais comme le disent les participants à mes formations sur le sujet, « c’est bien beau tout ça, mais ça ne nous dit pas comment les éviter ! ». Et il est important pour moi de préciser que les biais cognitifs ne s’évitent pas. Nous ne pouvons pas ne pas être biaisés. C’est impossible. Nous allons simplement apprendre à les déjouer. Mais même si nous parvenons à les déjouer une fois, cela ne signifie pas que nous les déjouerons à chaque fois. Cela suppose une vigilance de tous les instants, mais plus on s’entraîne, plus c’est facile !

Alors, comment faire pour combattre un biais cognitif quand il nous gêne ? Nous allons voir différentes étapes, mais l’idée est globalement d’apprendre à « Penser contre son cerveau » comme le préconisait Gaston Bachelard, philosophe des sciences. Et l’étape suivante pour ce faire est de comprendre comment notre cerveau nous trompe…

Etape 2 : comprendre comment se construisent nos biais cognitifs

La première chose à avoir en tête, c’est que nos décisions sont imbriquées dans un processus complexes qui relie le monde extérieur et le monde intérieur par un enchevêtrement de filtres et de constructions de représentations. Ce processus fera l’objet d’un futur article mais gardez en tête ceci : toute information à laquelle vous êtes soumis traverse votre système de perception, puis se voit traiter par votre système d’interprétation avant de donner lieu à une décision qui mènera elle-même à une action.

processus cognitif

Tout au long de ce processus, votre cerveau est mis à rude épreuve. Et à chaque étape, il montre ses lacunes. C’est dans ces lacunes que vont se loger les biais cognitifs. Plus vous allez être conscient de ces limites de votre cerveau, plus vous serez apte à déjouer vos propres biais.

Voici donc les 4 écueils sur lesquels chaque étape du processus de décision vient se briser :

biais cognitifs pourquoi

1. Incapacité à percevoir et traiter toutes les informations qui nous parviennent

Le cerveau (avec ses 86 milliards de neurones et 1 million de milliards de connexions) reçoit 400 milliards d’unité d'informations par seconde. Seuls 2.000 de ces bits de données parviendraient à la conscience (0,000001 %). (Dispenza, J. (2008).

Si je vous demande : « où est Charlie dans cette image ? »

perception facile

C’est facile !

Et dans cette image ?

C’est plus dur !!

Alors imaginez ce que l’on doit faire à chaque seconde sans même en avoir conscience pour percevoir les informations utiles…

Il y a trop d’informations dans le monde, nous ne pouvons pas faire autrement que d’en filtrer la majeure partie. Et dans cette opération de tri, notre cerveau s’appuie sur des mécanismes simples et réplicables pour choisir les bouts d’informations qui sont les plus susceptibles d’être utiles. Par exemple, nous remarquons plus facilement ce qui est très bizarre, différent de l’habitude ; nous percevons aussi plus aisément ce qui va dans le sens de nos convictions…

perception

Ce besoin de faire le tri a donc donné lieu à plusieurs biais cognitifs, mais vous comprenez maintenant en quoi ils sont fonctionnellement nécessaires.

2. Incapacité à mémoriser toutes les informations perçues et construites

Notre capacité de mémoire (si elle étaie comparable à celle d’une machine) serait de 1 Pétaoctet, autrement dit à 1000 disques durs externes d’un Téraoctet (cf. chercheurs californiens du Salk Institute de La Jolla).

Ça paraît beaucoup mais comparé à la somme d’informations que notre cerveau traite et génère chaque seconde durant toute une vie, c’est rikiki ! Là encore, nous ne pouvons pas nous souvenir de tout. Nous devons faire le tri. Et là encore, le tri s’opère en privilégiant ce qui paraît le plus utile pour notre avenir à l’instant t. Par exemple, un événement qui génère une émotion forte va laisser plus facilement une trace dans notre mémoire ; nous ne conserverons que quelques éléments clefs de la situation (quitte à inventer et réinventer le reste après coup !) ; nous engrammons des généralités plutôt que des spécificités.

On voit bien comment cette façon de stocker les souvenirs va favoriser l’expression de certains biais cognitifs. Il vaut mieux en être conscient !!

3. Programmé pour survivre avant de réfléchir

On veut croire que l'être humain est fait pour être logique et rationnel alors qu'il est mu par sa survie animale. Dans la construction de notre cerveau, l’information est reliée à l’action et l’action est reliée à notre système de survie. La survie requiert d’aller vite, en particulier en situation d’incertitude.

Ainsi, à chaque fois que survient un nouveau bout d’information, nous devons faire de notre mieux pour évaluer la situation, jauger les conséquences de telle ou telle action et aboutir à la meilleure décision avant que la situation ne nous échappe. C’est pour cela par exemple que nous préférons les options simples et que nous évitons les décisions irréversibles.

Le besoin de survivre en agissant vite nous prive de certaines réflexions et nous enfonce dans plusieurs biais cognitifs les 2 pieds dedans !

aller vite

4. Menacé par l’absence de sens

Le monde est très déconcertant et le fait de n’en percevoir que des fragments d’information nous plonge dans le flou. Or, la confusion est une menace forte. Nous avons besoin de comprendre, de raconter une histoire qui tienne debout dans notre cadre de référence.

Alors nous relions les éléments entre eux et nous comblons les trous à partir de ce que nous savons. Par exemple, nous projetons nos pensées sur celles des autres ; nous extrapolons des informations ; nous imaginons des liens qui n’existent pas ; nous nous identifions dans des mots génériques …

Ce besoin de construire du sens crée des biais cognitifs qui nous jouent souvent des tours et nous placent parfois dans des situations rocambolesques.

Ces 4 grands défauts de notre cerveau ont donc donné lieu à des fonctionnalités particulières qui biaisent notre raisonnement en permanence. En avoir conscience permet d’être moins catégorique, plus ouvert à la contradiction. Mais ce n’est pas suffisant. Pour combattre les biais cognitifs, nous devons développer une attitude proactive…

Etape 3 : s’arrêter pour réfléchir et sortir de ses biais

Une fois que l’on est conscient de ses biais, on peut se regarder fonctionner. L’idée n’est pas de se débiaiser totalement mais d’être attentif aux moments où nos biais sont gênants. Si, par exemple, nous avons tendance à prendre des décisions avec des conséquences désastreuses dans certains domaines de notre vie, nous aurons intérêt à analyser ce qui se joue en terme de biais cognitifs, puis à définir la manière dont on préfèrerait s’y prendre la fois suivante pour déjouer nos biais dans ce contexte précis. Par ailleurs, si nous devons prendre une décision importante, nous avons intérêt à ralentir pour réfléchir.

Il faut savoir que c’est Daniel Kahneman, psychologue et économiste nobélisé, qui a rendu cette notion de biais cognitif largement connue suite aux travaux qu’il a réalisés avec Amos Tversky. Lors de ses travaux, il a notamment posé l’hypothèse que notre cerveau fonctionne selon deux modes de pensée distincts : le Système 1 (S1) et le système 2 (S2).

Le Système 1 :

  • Est un mécanisme de pensée automatique, incontrôlable et fulgurant,
  • Se met en place par association d’idées, d’émotions et d’expériences passées,
  • Fonctionne par heuristique : résolution de problème à partir de connaissances incomplètes selon des règles approximatives,
  • Fait agir intuitivement dans l’incertitude,
  • Permet de réagir rapidement, sans réfléchir, face à une question, une menace ou un changement imprévu,
  • Apporte des solutions acceptables (mais pas optimales) en un temps limité,
  • Est valable pour les microdécisions du quotidien
  • Est un mode de pensée particulièrement sensible aux biais cognitifs.

s1 s2 kahnemanLe Système 2:

  • Analyse les informations disponibles,
  • Cherche les informations manquantes,
  • Traite les informations dans leur ensemble avant d’agir en toute connaissance de cause
  • Est long et coûteux en énergie
  • Résiste mieux aux biais cognitifs
  • Ne soutient que 20% de nos décisions !

Cette vision d’un système duel de pensée fonctionne bien en pratique mais a été complété depuis sur le plan théorique, notamment par Gerd Gigerenzer. Olivier Houdé a également démontré l’existence d’un Système 3 (S3).

Le Système 3 :

  • Contrôle l’inhibition des biais cognitif depuis le cortex préfrontal
  • Switche de chemin neuronal pour résoudre un problème

Sachant cela, il est relativement facile de s’entraîner à déjouer nos biais cognitifs en développant notre résistance cognitive. Voici quelques conseils :

Conseil n°1 : Entraîner l’inhibition des biais cognitifs par le jeu

Vous vous souvenez de ces jeux de notre enfance : 123 soleil, Ni oui ni non, Jacadi, Le jeu de l’âne têtu, décryptage des illusions d’optique,… Tous ces jeux obligent à stopper notre cerveau dans son élan pour l’obliger à emprunter un autre chemin. C’est très bon pour muscler le préfrontal !

Conseil n°2 : S’autoriser à douter et à sortir de ses certitudes

esprit critiqueIl est apaisant d’avoir des certitudes, ça rassure, ça donne comme un point fixe dans l’univers. Il a même été montré qu’il est physiologiquement très difficile de choisir une réponse qui remet en doute nos a priori même quand on sait qu’on se trompe. Par exemple, si je vous dis qu’ on étudie un échantillon de 99% de femme et 1% d'homme. Et que je vous parle ensuite d'une personne de cet échantillon qui aime le foot et la bière, puis que je vous demande, « à votre avis, est-ce un homme ou une femme ? » vous aurez du mal à répondre « une femme » alors que les statistiques sont contre vous. Et pendant que vous réfléchissez, la consommation d’oxygène dans votre cortex cingulaire antérieur augmente fortement indiquant un conflit neural. Mais plus vous prendrez le réflexe de remettre en question votre pensée : et si je n’avais pas raison, qu’est-ce qui me prouverait que j’ai tort ? et si j’abordais le sujet totalement différemment, comment je m’y prendrais ? et s’il y avait de la nuance à apporter ? plus vous prendrez des décisions éclairées. Et si vous y prenez goût, vous pratiquerez peut-être la zététique…

Conseil n°3 : Employer les émotions à bon escient

Bizarrement, d’après ma petite observation en tant que formatrice, ceux qui me disent écouter le moins leurs émotions sont souvent ceux qui réagissent le plus vivement quand on parle de certains sujets de société. Or, les décisions prises sur la base des émotions sont les plus sujettes aux biais cognitifs. Ce qui est dommage, c’est qu’avec des réseaux sociaux sur lesquels nous passons notre temps à juger une information partielle en « j’aime/je n’aime pas », nous sommes surentraînés pour décider sur la base de nos émotions alors que nous devrions passer plus de temps à raisonner sur la base de preuves.

Pourtant, nos émotions peuvent être d’un grand secours si nous les écoutons avec attention en décodant leur message avant d’en déduire une décision. Ce sera l’objet d’un article à part entière.

Etape 4 : s’appuyer sur les autres pour combattre ses biais cognitifs

On l’a vu, les biais cognitifs sont des distorsions qui parlent de notre propre subjectivité. Vouloir déjouer nos biais cognitifs, c’est chercher à construire une forme d’objectivité. Or, comme cette objectivité n’est accessible à personne, c’est en confrontant les subjectivités de tous que nous pouvons parvenir à construire une vision la moins subjective possible !

L’idée de cette 4ème étape est donc de sortir de son endogroupe, d’aller se mélanger avec des personnes différentes pour échanger. Dans ces échanges, intéressez-vous aux points de vue de l’autre, à sa manière de penser, à ses différences. Posez des questions ouvertes, soyez curieux. Vous verrez de nombreux biais implicites se révéler sous vos yeux et ce sera l’occasion de les questionner !

Par ailleurs, si vous préparez un projet ou que vous avez une décision importante à prendre, allez ouvertement chercher la contradiction, faites exprimer les désaccords, discutez des incertitudes. Vous pouvez même faire jouer le rôle de contradicteur officiel à une ou plusieurs personnes. C’est un exercice que je fais souvent faire à mes coachés en reconversion professionnelle et ils sont toujours agréablement surpris de ce que ça leur apporte dans la phase projet.

Pour conclure cet article et répondre à la question posée, je dirais que « non », il ne faut pas combattre ses biais cognitifs. Et vouloir le faire serait se laisser piéger par son biais de contrôle ! On ne peut pas être débiaisés, donc autant accepter de l’être. En revanche, on peut s’entraîner à penser contre son cerveau et mettre en place quelques bonnes pratiques pour se prémunir de décisions aveugles dans des situations spécifiques. C’est ce que nous apprenons à faire en formation et c’est passionnant !

Au plaisir de confronter nos biais à l’occasion,

Annabelle pour Cap Cohérence